Après 107 jours de détention au Japon, le désormais ex-PDG de Renault, qui continue de se dire innocent, obtient une première victoire juridique.
Après cent sept jours de prison, Carlos Ghosn est autorisé à sortir. Détenu depuis le 19 novembre à la prison de Kosuge, à Tokyo, l’ancien dirigeant de l’alliance Renault-Nissan pourra recouvrer la liberté contre une caution fixée à 1 milliard de yens (7,9 millions d’euros). Ainsi en a décidé le tribunal de Tokyo, mardi 5 mars, répondant positivement à une demande déposée le 28 février par la défense de M. Ghosn.
L’appel du parquet, qui s’opposait à sa libération comme lors des deux demandes similaires précédentes les 10 décembre et 11 janvier, a été rejeté mardi. L’ancien PDG des constructeurs automobiles Nissan et Renault devrait pouvoir sortir de prison dès mercredi – les avocats n’ayant pas pu rassembler l’argent de la caution dès mardi, en raison notamment des horaires des banques.
Carlos Ghosn a aussitôt réagi :
« Je suis infiniment reconnaissant envers ma famille et mes amis qui m’ont soutenu tout au long de cette terrible épreuve. Je tiens également à remercier les associations et les militants des droits de l’homme au Japon et dans le monde entier qui luttent pour le respect de la présomption d’innocence et la garantie d’un procès équitable. Je suis innocent et résolument déterminé à me défendre vigoureusement dans un procès équitable contre ces accusations sans aucun fondement. »
Interdiction de quitter le Japon
C’est une première victoire pour la nouvelle équipe juridique qui assure la défense de l’ancien dirigeant de Nissan et Renault. Carlos Ghosn, dont c’était la troisième demande de remise en liberté, a interdiction de quitter le Japon, a précisé le tribunal. Des mesures visant à l’empêcher de falsifier des preuves ont aussi été prises. Selon l’agence de presse Kyodo, l’architecte de l’alliance Renault-Nissan va notamment être placé sous vidéosurveillance à son domicile.
Pour arracher cette libération provisoire, Me Hironaka, nouvel avocat de M. Ghosn, a suggéré que son illustre client dispose également de moyens limités de communication avec l’extérieur. L’homme d’affaires franco-libano-brésilien avait décidé de changer à la mi-février son équipe de défense japonaise, au moment d’aborder la phase de préparation de son procès, qui ne se tiendra pas avant plusieurs mois.
« D’autres faits continuent à émerger »
Carlos Ghosn avait été arrêté le 19 novembre, à la suite de des soupçons de minoration d’une partie de ses revenus pour un montant de 9,23 milliards de yens (74 millions d’euros), de 2010 à 2018, dans les rapports de Nissan remis aux autorités boursières. Il a également été mis en examen pour abus de confiance.
Nissan, à l’origine de l’enquête qui a conduit M. Ghosn en prison, a rapidement réagi. « Nissan ne joue aucun rôle dans les décisions prises par les tribunaux ni les procureurs et n’est donc pas en position de commenter », a dit le groupe, au chevet duquel était arrivé M. Ghosn en 1999 pour le sauver de la faillite :
« Les investigations menées en interne chez Nissan ont montré des conduites [de M. Ghosn] manifestement contraires à l’éthique (…) et d’autres faits continuent d’émerger. »
La famille de Carlos Ghosn avait annoncé lundi avoir décidé de saisir les Nations unies, estimant que les « droits fondamentaux » de l’ancien dirigeant de Renault et Nissan n’étaient pas respectés.