Les manipulateurs de l’Histoire

par Dr. Elie Haddad

A l’occasion de l’élection de Bachir  Gemayel à la présidence de la  république, un certain 23 Août 1982, il est important de noter qu’il y a eu en effet, deux Bachir.

Le premier, le milicien des premières années de la guerre du Liban, qui n’a pas hésité à tuer, à couvrir des massacres et des pillages; et le deuxième c’est le Bachir  homme d’état, élu à la magistrature suprême après être devenu le chantre de l’union nationale.

Le premier a été adulé par beaucoup mais haï par beaucoup plus. Le deuxième a fini par rassembler par contre une large part de la population dépassant les clivages religieux et confessionnels, croyant à son projet.

C’est justement ce deuxième qui reste dans les mémoires et qui est souvent reproduit. Il faut dire que cette métamorphose étatique est due, en grande partie, à un certain conseillé proche, le fameux officier Raad, qui n’est que le capitaine Michel Aoun de l’époque.

Ceux qui ont fait et continuent à faire le plus gros tort à l’image de Bachir  sont trois:

  1. Son frère Amine, qui n’a pu accéder au pouvoir que parce qu’il était le frère de Bachir, qui a rapidement démoli tout le projet de son frère sans proposer une alternative crédible , mais surtout qui a « omis » de juger l’assassin de son frère, une claire signature de la rivalité (pour le moins) entre les deux.
  2. Son fils Nadim, qui a bâti tout son personnage sur l’image et les discours de son père, alors qu’à l’entendre parler seul on comprend l’énorme fossé, tant sur le charisme que sur le bagage mais surtout sur le positionnement politique. Comment peut-on expliquer par exemple les attaques permanentes contre l’Iran et le Hezbollah alors que les saoudiens sont toujours les bienvenus au Liban? Comment peut-on être sélectif dans son souverainisme??
  3. Le parti qui s’est formé sur la base des brigades créées par Bachir et qui a pris le même nom, les Forces Libanaises. Depuis sa création , ce parti n’a cessé de constituer la tête de pont qui a agi contre la légalité et même contre les intérêts de la communauté qu’il est censé défendre, aggravant les divisions , n’hésitant pas à effectuer des rencontres et des alliances contre nature, privilégiant les intérêts partisans et même privés de sa hiérarchie, qui gère la maison sans partage d’une main de fer. Ce parti d’ailleurs n’hésite pas à manipuler les occasions, dont celle de l’élection de Bachir, pour l’utiliser dans ses batailles internes.

Beaucoup serait à dire sur Bachir. Ce sera à l’Histoire de le faire de façon objective  un jour. Il avait beaucoup de projets mais il n’a pas gouverné. Il est donc impossible d’apporter quelques jugements que ce soit sur sa présidence. Toute comparaison n’est donc qu’à des fins politiciennes pures et que manipulation d’une histoire qui fut inachevée.