Le comble de l’impunité est un message de defi à la justice européenne.

Démettre la juge Ghada Aoun de ses fonctions par le conseil de discipline des juges en présence des juges européens 

Barcelona -05/05/2023

Alors que les juges européens interrogeaient le frère du gouverneur de la Banque du Liban, Raja Salameh, dans des affaires liées au blanchiment d’argent, à la contrefaçon et au détournement de fonds, la justice libanaise, par l’intermédiaire du Conseil de discipline des juges, a rendu une décision de révocation d’une femme juge qui a été le premier à oser poursuivre Riad Salameh, son frère et leurs partenaires pour les mêmes accusations, conduisant à l’emprisonnement de Raja avant sa libération sous la pression politique.

Deux événements séparés de quelques mètres dans le Palais de Justice lui-même, dont chacun constitue un stigmate dans l’histoire de la justice libanaise :

le premier traduit un manque de confiance en cette justice au point de solliciter l’aide d’une justice étrangère.

le second sert d’intimidation pour chaque juge qui ose nuire à ceux qui ont de l’influence et des privilèges, plutôt que d’encourager les juges à emboîter le pas avec leurs collègues qui ont eu la chance d’avoir des prêts au logement, des billets de voyage, des appartements de luxe, etc.

Ceux dont il est prouvé qu’ils ont reçu des pots-de-vin ont été autorisés à présenter leur démission sans être licenciés.

Quant au péché de la juge Ghada Aoun, c’est qu’elle a rejeté les tentations et n’a pas succombé au chantage politique et financé des campagnes médiatiques, jusqu’à l’intimidation, mais a osé courageusement, et peut-être à la folie, ouvrir des dossiers de corruption à commencer par les dirigeants de la guerre civile et en passant par les politiciens et les conseils d’administration des banques et les hommes d’affaires influents, jusqu’au plus jeune employé engagé.

Son péché est d’avoir révélé, avec des preuves, le stratagème frauduleux ourdi par ces personnes et conduit au vol de milliards de dollars de fonds publics et privés, y compris la contrebande d’environ 5 milliards de dollars par la Muktif Financial Company en collusion avec le président de le conseil d’administration de la “Société Générale” Anton Sehnaoui et le dirigeant lui-même, et révélant les noms des banques impliquées dans cette affaire : des transferts d’argent le 17 octobre d’une valeur de près de 9 milliards de dollars, la révélation de la falsification par Riad Salameh de la Banque du Liban budget, et le scandale du carburant frauduleux…

Parce que ces dossiers affectent directement le système mafieux au pouvoir depuis des décennies, la juge Aoun a été démis de ses fonctions, et pour aucune autre raison.

Le crime d’Aoun, et le juge Jean Tannous l’a accepté, c’est qu’ils sont entrés dans l’antre des corrompus et des détournés dans un précédent du genre, et ont pénétré le réseau de protections que les responsables politiques et les autorités religieuses leur prévoient.

Tannous a démissionné lorsqu’il a constaté que le système était plus fort que le judiciaire, et même imprégné de celui-ci.

Quant à Aoun, elle a décidé de se confronter et de poursuivre son travail, armée de sa « folie », que certains pensaient la qualifier d’insulte.

Depuis lors, des efforts ont été faits pour la faire taire, et les chaînes de télévision et les médias ont commencé à la diaboliser, avec des directives politiques et un soutien financier bancaire.

Toute cette folie parce que Ghada Aoun, à elle seule, a renversé l’immunité de l’État profond et a osé accuser ses membres et les traduire en justice, ne se souciant ni de leur influence ni de leur argent, ni de toutes les conséquences de cette brèche exceptionnelle dans le cours de la justice libanaise.

Par son comportement, elle a donné une dose de force aux autres juges qui ont tranché équitablement en faveur des déposants, ouvert les dossiers des services immobiliers et bénéficiaires, et pris l’initiative d’arrêter les auteurs. Quelque chose qui ne serait pas arrivé sans la présence de Ghada Aoun.