Face à Mikati, Bassil saisira le Conseil d’État et la Haute Cour chargée de juger les présidents

 «Nous sommes contre le fait de relier l’arrêt de la guerre dans le sud du Liban à la fin des hostilités à Gaza», lance le chef du CPL lors d’une conférence de presse.

Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a haussé à nouveau mardi le ton face au Premier ministre sortant, Nagib Mikati, accusant son gouvernement de « s’accaparer la présidence de la République » et d’empiéter sur les prérogatives du chef de l’État, notamment après la nomination, par l’équipe ministérielle (qui expédie les affaires courantes depuis les législatives de mai 2022) de l’officier druze Hassane Audi au poste de chef d’état-major de l’armée sans le feu vert du ministre sortant de la Défense, Maurice Slim, proche du courant aouniste.

« Nous avons longtemps mis en garde contre les infractions pour lesquelles opte le gouvernement. Mais il fait la sourde oreille et poursuit les provocations. » Non seulement il se réunit régulièrement en période de vide présidentiel, le cabinet s’est même permis de nommer un fonctionnaire de première catégorie sans que le ministre concerné n’y apporte son contreseing », s’est indigné le chef du courant aouniste lors d’un point de presse tenu au siège de son parti à Sin el-Fil. « Le gouvernement a ainsi dépassé toutes les lignes rouges », a lancé M. Bassil estimant que la démarche gouvernementale « n’est rien de moins qu’un sérieux coup porté à l’unité nationale » . « C’est comme si notre partenaire dans le pays nous disait qu’il peut gouverner sans les chrétiens et sans président », s’est-il indigné dans une critique adressée au tandem Amal-Hezbollah, principal parrain du gouvernement boudé depuis décembre 2022 par les ministres CPL.

Pétition parlementaire

Partant, Gebran Bassil a défini les prochaines étapes de cette bataille. « Nous allons commencer par présenter une pétition parlementaire à l’encontre du Premier ministre devant la haute Cour chargée de juger les présidents et les ministres » , a-t-il affirmé, précisant que cette démarche requiert les signatures d’au moins 26 députés. « Cela permettra aux Libanais de savoir qui veut que le partenariat soit bafoué, et qui refuse cela » , a-t-il lancé.  Et M. Bassil de poursuivre : « Nous présenterons aussi un recours en invalidation (de la décision du Conseil des ministres) devant le Conseil d’État » . « Il est intolérable de ne pas obtenir une décision claire. Car si le CE n’annule pas une décision prise sans l’approbation du ministre concerné, c’est que le CE n’existe plus » , a-t-il tonné. Des propos qui sonnent comme une critique à peine voilée au Conseil constitutionnel qui avait débouché, le 31 janvier, sur une non-décision au sujet du recours en invalidation présentée par les aounistes contre la loi prorogeant le mandat du chef de l’armée Joseph Aoun.

Évoquant la présidentielle, le leader du CPL a réitéré la position de son parti : « Nous n’accepterons pas qu’un camp nous impose un choix contraire à nos convictions. Et nous sommes pour des concertations à même de mener à une entente autour du profil, du nom et du programme du futur chef de l’État » , a-t-il dit. Un processus que le CPL avait déjà entamé en 2022, sans que la démarche ne porte ses fruits.

En ce qui concerne la guerre à Gaza et les affrontements dans le sud du Liban, le chef du CPL s’est dit opposé au principe de « l’unité des fronts », dans une critique claire aux actions de son allié, le Hezbollah, au Liban-Sud. « Le CPL est connu pour ses positions en faveur de la défense du Liban, mais il est contre le fait de faire porter au Liban la responsabilité de la libération de la Palestine. Il s’agit de la responsabilité des Palestiniens », a déclaré M. Bassil. « Nous sommes contre le fait de relier l’arrêt de la guerre dans le sud du Liban à la fin des hostilités à Gaza », une condition évoquée à plusieurs reprises par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah . Nous sommes contre l’utilisation du Liban comme plateforme pour mener des opérations en Palestine occupée, parce que le Liban n’a pas la capacité d’aider tout seul les Palestiniens à reprendre leurs droits. Nous appelons à établir une paix équitable et globale », a-t-il ajouté.

Source: L’Orient le Jour