L’étude n’a pas été publiée dans un journal scientifique et avalisée par un comité scientifique.
Une étude menée sur onze marques mondiales d’eau embouteillée a conclu à une contamination excessive de cette eau par des débris de plastique, notamment du polypropylène, qui entre dans la fabrication des bouchons, mais aussi du nylon et du polytéréphtalate d’éthylène (PET), un plastique de type polyester saturé.
Conduite par des chercheurs de l’université de l’État de New York à Fredonia, aux États-Unis, l’étude a porté sur 259 bouteilles en provenance de neuf pays : le Brésil, la Chine, les États-Unis, l’Inde, l’Indonésie, le Kenya, le Liban, le Mexique et la Thaïlande. Une seule bouteille du lot analysé était en verre et non en plastique.
Flou concernant les conditions de stockage
Les résultats de cette étude sont à prendre avec précaution, estiment des spécialistes libanais. Contacté par L’Orient-Le Jour, un expert en chimie, ayant requis l’anonymat, explique qu’en tant que scientifique, il ne peut pas trop se fier aux résultats de cette étude « tant qu’ils n’ont pas été publiés dans un journal scientifique international et avalisés par un comité scientifique ». Il relève également un « flou » concernant « la description et la représentativité de l’échantillonnage ainsi que les conditions de stockage », qui « ne sont pas claires ».
Même son de cloche chez Kamal Slim, expert en biologie de l’eau au CNRS, qui pointe du doigt lui aussi les conditions de stockage de l’échantillon qui ne sont pas claires. Il note en outre que le Liban n’est pas très concerné, « parce que la densité microplastique trouvée dans l’échantillon pris du Liban est minime ».
Joseph Matta, directeur des laboratoires de l’Institut de recherche industrielle (IRI), explique que le plastique est « une substance formée de plusieurs molécules qui peuvent se décomposer ». « Or la décomposition ne peut pas se faire seule, parce que ces molécules ont une liaison stable, précise-t-il. Pour qu’elles le fassent, ces molécules doivent être exposées à un facteur externe comme une forte lumière ou la chaleur. Lorsque le plastique se décompose, des particules du conteneur migrent vers le contenu, c’est-ce qu’on appelle la migration contenant-conteneur. »
Se penchant sur l’étude, M. Matta souligne qu’il ne faut pas généraliser et tirer des conclusions hâtives concernant la marque d’eau incluse dans l’étude. « Il faut savoir les conditions de stockage dans lesquelles se trouvaient les bouteilles collectées pour l’étude, insiste-t-il. Toute bouteille en plastique est sujette à cette migration contenant-conteneur si elle est rangée dans de mauvaises conditions. Idéalement, elle doit être rangée dans des endroits non ensoleillés et elle ne doit pas être exposée à une forte lumière ni à la chaleur. » Ce qui n’est pas clair dans l’étude.
Quels sont les dangers du plastique sur la santé ? « En principe, le corps élimine tout seul le plastique s’il est propre, répond M. Matta. Comme il existe plusieurs types de plastique, il est important que le conteneur soit constitué de la matière qui peut être en contact avec les produits alimentaires. On ne peut pas donc généraliser l’impact de cette substance sur la santé et sur l’organisme, si on ignore le type de plastique qui entre dans la composition du conteneur. »