Le président libanais, Michel Aoun, a été reçu mardi en début d’après-midi à Riyad par le roi Salmane d’Arabie, au deuxième jour de cette visite officielle. La première que M. Aoun effectue en tant que chef d’Etat.
La rencontre s’est déroulée autour d’un déjeuner, a indiqué l’agence officielle saoudienne SPA sans préciser la teneur des discussions. Ni le monarque saoudien ni le président libanais n’ont fait de déclarations à la presse à l’issue de leur entretien de 90 minutes. Toutefois, selon l’Agence nationale d’information (Ani, officielle), le roi Salmane a demandé à son équipe d'”étudier toutes les demandes de la délégation libanaise concernant les questions économiques, financières, militaires, sécuritaires et touristiques, et de les prendre en considération”. Les deux responsables se sont accordés à renforcer les relations bilatérales afin qu’elles redeviennent ce qu’elles étaient, toujours selon l’agence. Le roi d’Arabie a également assuré que son pays ne s’ingérait pas dans les affaires libanaises et que se sont les Libanais eux-même qui prennent en main leurs affaires.
Selon la chaîne libanaise LBCI, le roi Salmane a également affirmé à son hôte que “les ressortissants arabes (à savoir ceux de l’Arabie saoudite, ou plus généralement des pays du Golfe, ndlr) pourront à nouveau se rendre au Liban. Mardi matin, le ministre saoudien du Commerce et des investissements, Majed Ben Abdallah Kasbi, avait déjà tenu des propos allant dans ce sens.
Le royaume wahhabite avait déconseillé il y a plusieurs mois à ses citoyens de se rendre au pays du cèdre en raison de tensions diplomatiques. Mais les relations entre Beyrouth et Riyad se sont améliorées ces derniers temps, après un sérieux coup de froid sur fond de tensions régionales.
Toujours selon la LBCI, le roi Salmane a insisté auprès de M. Aoun sur “la solidité et le renforcement des relations” entre Riyad et Beyrouth. Les deux dirigeants ont exprimé leur attachement à “la stabilité du Liban et des pays arabes de la région”.
Le don saoudien
Après avoir gelé, en février 2016, le financement d’un contrat de 3 milliards de dollars pour la fourniture au Liban d’armes françaises, Riyad avait déclaré, en mars, le Hezbollah “organisation terroriste”. Ces décisions visaient à sanctionner la position en retrait du Liban lors d’un Conseil de la Ligue arabe en janvier, qui avait condamné à l’unanimité les attaques contre les représentations saoudiennes en Iran. Ces attaques faisaient suite à l’exécution, en Arabie saoudite, de Nimr Baqer Al-Nimr célèbre prédicateur chiite considéré comme une figure de la contestation.
Interrogé sur le gel de ce financement, le président Aoun a déclaré à la télévision d’Etat saoudienne Al-Ekhbaria que cette question devait être soulevée avec ses hôtes saoudiens, rapporte l’AFP. Toutefois, la LBCI affirme que ce dossier n’a pas été évoqué par le roi saoudien et le président libanais.
Dans une longue interview accordée à Al-Ekhbaria, le général Aoun a indiqué que son pays voulait développer les relations avec l’Arabie saoudite, rapporte l’AFP. Il a ajouté que les ministres libanais des Affaires étrangères, des Finances et de l’Information devaient explorer, à l’occasion de cette visite, les possibilités d’une meilleure coopération avec Riyad.
Mardi matin, le ministre libanais de l’Économie, Raëd Khoury, a affirmé que la plupart des questions litigieuses entre le Liban et l’Arabie saoudite ont été résolues, notamment celle relative aux exportations libanaises, rapportent des médias locaux. “La plupart des problèmes en suspens ont été résolus, notamment la question des exportations de produits libanais, et nous avons convenu de former une commission chargée de traiter les dossiers litigieux qui pourraient éventuellement surgir”, a dit M. Khoury, à l’issue d’un entretien avec son homologue saoudien, Adel Fakih.
Le ministre libanais de l’Information, Melhem Riachi, et son homologue saoudien, Adel Ben Zeid al-Tarifi, ont pour leur part abordé la situation des médias libanais en difficulté et les moyens de les soutenir. “Nous avons discuté du soutien à tous les médias qui travaillent de manière professionnelle afin qu’ils puissent à nouveau exercer”, a déclaré M. Tarifi, selon la chaîne LBCI. Plusieurs journaux libanais connaissent des difficultés financières depuis plusieurs mois. Certains ont mis la clé sous la porte, tel le quotidien en langue arabe as-Safir.
Enfin, les ministres libanais et saoudien des Finances, respectivement Ali Hassan Khalil et Mohammad Jaadan, ont annoncé un accord pour éliminer la double imposition des ressortissants libanais et saoudiens, affirmant que cet accord sera bientôt signé.
Vers 14h15, le président Aoun a reçu le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adeil Jubeir, en présence de la délégation ministérielle libanaise. Aucune déclaration n’a été faite à l’issue de cet entretien. M. Jubeir a par la suite eu un tête à tête avec son homologue libanais, Gebran Bassil.