Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, dont les combattants sont engagés en Syrie aux côtés du régime, a dénoncé vendredi le maintien de troupes américaines dans ce pays, y voyant un “prétexte” pour avoir des “bases” au Moyen-Orient.
Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a affirmé mercredi qu’il était “crucial” de “maintenir une présence militaire en Syrie”, jusqu’à ce que le groupe jihadiste Etat islamique (EI) soit totalement vaincu, mais aussi pour contrer l’influence iranienne.
Téhéran, bête noire de l’administration américaine, est l’un des principaux alliés du régime en Syrie, où il a envoyé des milliers de combattants.
“Avec comme prétexte l’EI, ils (les Etats-Unis) veulent rester en Syrie”, a lancé le chef du Hezbollah lors d’une allocution télévisée consacrée à ses combattants morts au front.
Après une montée fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Irak et en Syrie, l’EI a vu son califat autoproclamé s’écrouler sous le coup de multiples offensives.
“Les Irakiens et les Syriens sont capables d’empêcher le retour de l’EI (…) pas besoin de bases américaines ou de forces américaines”, a martelé M. Nasrallah.
Grand allié de l’Iran, le Hezbollah lutte aux côtés du régime de Bachar al-Assad contre les jihadistes et les rebelles. En Syrie, l’EI est désormais acculé dans ses derniers réduits.
M. Nasrallah a dénoncé “des prétextes fragiles pour maintenir des forces américaines et des bases américaines dans la région”.
Mercredi, M. Tillerson assurait que la présence militaire américaine devait avoir comme objectif prioritaire “que l’EI ne refasse pas surface”.
Mettant l’accent à plusieurs reprises sur la nécessité d’un “départ” du président syrien, il a estimé qu’un “désengagement américain” fournirait à l’Iran “une occasion en or de renforcer encore davantage ses positions en Syrie”.
M. Nasrallah a par ailleurs démenti vendredi que son mouvement s’adonnait au trafic de drogue pour se financer, dénonçant l’ouverture d’une enquête à ce sujet aux Etats-Unis.
La justice américaine a formé le 11 janvier une équipe spéciale chargée d’enquêter sur les soutiens financiers du groupe, et leurs rapports avec les réseaux des trafics de drogue et de terrorisme.
“Ce sont des accusations injustes qui ne se basent sur aucun fait, qui ne sont pas vraies”, a lancé le chef du Hezbollah.
Ennemi juré d’Israël qu’il a combattu à plusieurs reprises, le mouvement chiite, poids lourd de la vie politique libanaise, est considéré par Washington comme un groupe terroriste.