Le dernier tournant pour les Chrétiens du Liban.Appel à manifester les 28 sept et le 13 octobre.

Dans une région qui voit le nombre de ses Chrétiens diminuer comme peau de chagrin depuis plusieurs années, à cause de la persécution qu’ils subissent mais aussi des politiques d’immigration des pays occidentaux, le Liban craint à son tour de perdre sa caractéristique de terre de coexistence et de refuge pour certaines communautés.

Parmi elles, la communauté chrétienne du Liban, qui malgré les persécutions romaines, islamiques, croisées et ottomanes, a vécu en parfaite harmonie dans son milieu naturel.

Le Pacte National de 1943, qui a enfanté la République libanaise, a institué une égalité parfaite entre les différentes communautés nationales, réservant le poste de Président de la République aux Chrétiens, le poste de Premier ministre aux Musulmans sunnites et le poste de Président du parlement aux Musulmans chiites. Avec les accords de Taef en 1990, cette distribution de postes par confession a été inscrite dans la constitution et une parité parfaite décidée entre chrétiens et musulmans.

En pratique, sur les 128 sièges parlementaires, 64 sont réservés aux Chrétiens (34 aux Maronites, 14 aux Orthodoxes, 8 aux Melkites catholiques, 5 aux Arméniens orthodoxes, 1 aux Arméniens catholiques, 1 aux Anglicans et 1 aux Protestants) et 64 sont attribués aux Musulmans (27 aux Sunnites, 27 aux Chiites, 8 aux Druzes et 2 aux Alaouites).

De même, avec les accords de Taef, les prérogatives très larges du président de la république, maronite, ont été réduites au profit du « gouvernement réuni ».

Marginalisation

Dans les faits, depuis la fin de la guerre civile en 1990, les lois électorales taillées sur mesure ont fait en sorte que seule la moitié des 64 députés chrétiens étaient réellement élus par leur coreligionnaires, le reste élus par les autres communautés du pays. Ceci posant deux problèmes : la légitimité de ces députés et leur inféodation à ceux qui les ont choisis.

De plus, malgré la loi électorale en vigueur, la classe dirigeante libanaise, sous les ordres de ses maîtres étrangers, tient en otage la Chambre des députés, reconduit tacitement le mandat des parlementaires et refuse catégoriquement d’organiser des élections législatives, de peur que le Courant Patriotique Libre (CPL) et ses alliés ne remportent suffisamment de sièges pour former une majorité indépendante de la classe politique corrompue.

Sur un autre plan, les accords de Taef ont consacré dans la pratique la nomination du sunnite le plus représentatif (ou son candidat) au poste du premier ministre, le chiite le plus représentatif comme chef du parlement, mais a toujours choisi comme président une personnalité « consensuelle », sous-entendu manquant de légitimité chrétienne. Cette pratique a perduré tant que l’armée syrienne occupait le terrain, mais la même classe politique qui a prospéré sous l’ère syrienne souhaite continuer les mêmes agissements malgré le départ de cette armée et le retour d’exil ou la sortie de prison des vrais leaders chrétiens.

Cette volonté persistante d’accaparation du pouvoir et de marginalisation des principales forces colitiques chrétiennes a abouti à un blocage institutionnel. Le pays du Cèdre est sans Président depuis plus de deux ans, car la classe dirigeante issue de la guerre civile refuse le candidat bénéficiant d’une large assise populaire tout en se bornant à présenter des personnalités « faibles ».
Le CPL et ses alliés réclament plus que jamais que soit élu Président le Chrétien le plus populaire comme le prévoit le Pacte nationale comme cela est le cas pour les postes de Premier ministre et de Président du Parlement.

Corruption

Même lorsque le CPL obtient un ministère et essaie de le nettoyer de la corruption et d’instituer une comptabilité transparente, l’establishment met tout en place pour mettre des bâtons dans les roues des ministres CPL, ce qui rend impossible les réformes.

Au sein du ministère des télécommunications, le CPL a dû batailler pour réduire les coûts des abonnements et améliorer la qualité des communications pour les usagers libanais.

Il en va de même au sein du ministère de l’énergie, où les efforts du CPL pour réformer les énergies au Liban ont été paralysés, ce qui résulte de coupures de courant interminables, les Libanais étant archi-dépendants des générateurs électriques pour ne pas vivre dans une obscurité totale. Cette situation fait bien sûr le bonheur des propriétaires de ces générateurs et des vendeurs de fuel, étroitement liés aux leaders politiques eux-mêmes.

Après des mois de crise, les ordures s’amoncellent toujours dans les rues car la classe dirigeante ne s’est toujours pas mis d’accord sur le partage des dividendes des contrats du gouvernement.

En addition de tout cela, il est à signaler le non-respect de la Constitution avec une troisième prolongation du mandat du Commandant en chef des forces armées (poste également réservé aux Chrétiens).

Toutes ces raisons poussent le CPL, qui représente la principale force politique de la rue chrétienne, appuyé par de multiples factions de la société libanaise, à battre le pavé pour réclamer le respect du Pacte Nationale et de la Constitution.

Le Courant Patriotique Libre croit profondément au besoin de coexistence au Liban et, par conséquent, au sentiment de sécurité de toutes els composantes de la société libanaise. Comme il a été en première ligne pour soutenir les sunnites en 2005 après l’assassinat de feu Rafic Hariri, ou les chiites après la crise gouvernementale puis la guerre en 2006, ou aussi les druzes quand Walid Joumblatt était menacé, le CPL se pose aujourd’hui comme défenseur des droits politiques des chrétiens.

Aujourd’hui ce sont les Chrétiens qui sont visés du fait du non-respect des institutions, de la Constitution et du Pacte National.
Aujourd’hui plus que jamais il est temps de mettre un terme à la corruption qui affecte absolument tout le monde, chaque citoyen libanais. Les crises de l’électricité, de l’eau et des déchets, pour ne citer qu’elles, affectent tous les Libanais, Chrétiens et Musulmans.

Si vous vivez au Liban, répondez à l’appel du CPL et descendez dans la rue avec vos amis et vos proches. Si vous résidez à l’étranger, appelez vos proches et vos amis et demandez-leur de participer au mouvement contre l’injustice et les activités illégales.

Le Liban de demain vous remerciera, vos enfants aussi.