L’armée se distancie de la polémique

Loin des débats publics et des tiraillements politiques, l’armée poursuit l’exécution de sa mission sans être affectée par le tapage médiatique qui l’entoure, note l’agence al-Markaziya. C’est dans cet esprit qu’il faudra placer l’enquête que mène l’institution militaire sur le dossier des événements de 2014 qui se sont produits à Ersal, afin de déterminer les responsabilités dans l’affaire de la prise d’otages parmi les militaires qui se trouvaient alors au front, exécutés par la suite par les combattants de l’État islamique.

Selon une source militaire citée par l’agence al-Markaziya, « l’enquête est secrète et se poursuit loin de l’arène politique et des feux de la rampe, comme c’est l’habitude au sein de l’institution militaire. L’armée demandera des comptes à rendre et des sanctions seront prononcées ».

Par ailleurs, poursuit la source, le report du « Festival de la victoire » destiné à célébrer la reprise par l’armée des jurds libanais ne concerne ni de près ni de loin l’institution militaire.

« Il s’agit d’une décision prise conjointement par les ministres de la Défense et du Tourisme, qui ont par la suite décidé d’y renoncer, pour des raisons qui n’ont aucun lien avec la troupe », indique la source.

Près de vingt-quatre heures après l’annonce du report du festival, les deux ministères concernés ont évoqué des raisons « strictement logistiques » qui auraient empêché la tenue de l’événement. Un communiqué publié mardi par les deux ministères n’a fourni aucun détail supplémentaire sur les considérations « logistiques » en question, ce qui a ouvert la voie à toutes sortes d’interprétations et de spéculations politiques autour des motifs de cet ajournement.

Pour l’armée, la liesse populaire démontrée au lendemain de la victoire et les rassemblements spontanés qui ont eu lieu dans l’ensemble des régions libanaises « ont constitué l’une des plus nobles manifestations de reconnaissance et de respect à l’égard des troupes ». D’ailleurs, tout comme l’armée a rendu hommage à ses martyrs vendredi dernier à Yarzé, « elle fera de même pour ses soldats héroïques en leur rendant hommage lors d’une cérémonie qu’elle organisera samedi prochain à la base militaire de Rayyak », ajoute la source. Celle-ci tient en outre à préciser que le chef d’état-major, le général Hatem Malak, sera présent. L’absence de l’officier lors de la récente visite effectuée par les officiers supérieurs de l’armée à Baabda, où ils ont rencontré le chef de l’État, avait suscité, rappelons-le, une série d’interrogations et d’interprétations à connotation politique.

Sur le plan logistique enfin, la source dément catégoriquement les informations selon lesquelles les États-Unis auraient l’intention de suspendre leur soutien à l’armée libanaise, laissant entendre qu’aucune modification ne sera apportée au plan d’aide à la troupe. Bien au contraire, l’administration US doit livrer le mois prochain à l’institution militaire le premier lot d’avions Super Tocano. En même temps, l’armée libanaise recevra de la Grande-Bretagne de nouvelles tours de surveillance qui seront installées le long de la frontière libanaise que la troupe vient de libérer des mains des jihadistes.

Ayant prévu dès le début les débordements potentiels de la guerre voisine en Syrie, la Grande-Bretagne avait développé tout un programme de soutien à l’armée aux frontières, comprenant des accessoires de protection balistiques, des équipements de communication et des véhicules militaires. Londres avait également livré à la troupe des miradors et une batterie d’équipements de protection lui permettant de mieux surveiller les mouvements des jihadistes alors localisés dans les jurds