L’armée libanaise mène une nouvelle opération à Ersal

Yasser Ghaoui, un Syrien décrit comme étant le cerveau des attaques de Ras Baalbeck, tué.
L’armée libanaise a entrepris mardi à l’aube une opération à Ersal, dans la Békaa, au cours de laquelle le cerveau des attaques de Ras Baalbeck a été tué et d’autres suspects arrêtés. Cette nouvelle opération intervient dix jours après une descente de la troupe dans des camps de réfugiés dans la localité sunnite et l’arrestation d’une dizaine de Syriens.

Mardi, lors de l’opération de la troupe, Yasser Ghaoui, un Syrien décrit comme étant le cerveau des attaques de Ras Baalbeck, a été tué. Une ceinture explosive, des grenades, 50 kilogrammes de matières explosives et sept engins explosifs ont été trouvés dans l’appartement où logeait le suspect. Atef Jaroudi, un autre Syrien qui se trouvait avec Yasser Ghaoui, a été également tué.
Khaled Ezzedine, un marchand d’armes, a été arrêté au cours de l’opération ainsi que deux Syriens de la famille Jamaa. Il s’agit du père et du frère d’un cadre au sein du groupe Etat islamique.

Des informations confirmées par l’institution militaire qui a indiqué dans un communiqué avoir mené une descente contre un “groupe terroriste se trouvant dans la localité de Ersal et qui préparait des attaques terroristes”. “Les membres du groupe terroristes ont tenté d’affronter l’armée, peut-on lire dans le communiqué. Deux terroristes syriens ont été tués, il s’agit de Yasser Ghaoui et Atef Jaroudi. Et trois autres ont été arrêtés”. L’armée confirme également que Yasser Ghaoui est le cerveau de l’attaque perpétrée à Ras Baalbeck fin mai. Deux grenades lancées par des inconnus dans une benne à ordure avaient explosé sans faire de victimes.

Ras Baalbeck, bourgade chrétienne située à la frontière syrienne, connaît des pics de tension causés par le conflit syrien. Des jihadistes tentent souvent de s’infiltrer à Ras Baalbeck mais ils ont jusqu’ici été repoussés par l’armée.
Nouveau raid syrien sur le jurd de Ersal
Ces développements interviennent alors que les spéculations sur une prochaine offensive de l’armée contre des groupes armés syriens dissimulés dans le jurd de Ersal se multiplient dans les médias, attribuées le plus souvent à des sources “proches du commandement du Hezbollah”. Est évoquée à cet égard une éventuelle coopération entre l’armée libanaise et l’armée syrienne d’Assad, au même titre que la coopération de la première avec le Hezbollah.

Dans ce contexte, l’aviation syrienne bombarde quotidiennement depuis samedi des positions du Front al-Nosra dans le jurd de Ersal. Mardi, de nouveaux raids ont été menés par l’armée syrienne contre des positions jihadistes.

Vendredi dernier, l’armée avait mené des opérations dans deux camps de réfugiés dans la région de Ersal. Cinq kamikazes s’étaient fait exploser au cours de l’opération, tuant une fillette et blessant sept soldats. Des dizaines d’arrestations de ressortissants syriens avaient eu lieu, notamment celle d’Ahmad Khaled Diab, meurtrier du lieutenant-colonel Noureddine Jamal, tué lors des combats ayant opposé l’armée à des jihadistes en août 2014.

Les images des Syriens arrêtés ont provoqué une vive controverse au Liban. L’armée a annoncé le décès de quatre d’entre eux affirmant qu’ils souffraient déjà de problèmes de santé chroniques avant leur détention, mais des ONG ont appelé à l’ouverture d’une enquête indépendante, laissant supposer qu’ils avaient pu être soumis à un mauvais traitement.

L’opération de mardi intervient au lendemain d’une réunion entre le Premier ministre, Saad Hariri, et le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, à l’issue de laquelle le chef du gouvernement a affiché son “soutien inconditionnel” à l’institution militaire. “L’institution militaire est au-dessus de tout soupçon”, avait déclaré M. Hariri, critiquant ceux qui tentent de “pêcher en eaux troubles” en mettant en doute l’action la troupe.

Le Liban accueille plus d’un million de réfugiés ayant fui le conflit en Syrie voisine, beaucoup vivant dans des camps. Une relance de dialogue direct avec le régime de Damas avait été suggérée la semaine dernière par le Hezbollah et les partis pro-Assad comme passage obligé au retour des déplacés. Cette proposition fait depuis polémique.