La Banque mondiale entérine son projet de développement des transports au Liban

Il faut actuellement plus d’une heure pour rejoindre la capitale depuis Tabarja, en raison des nombreux bouchons qui entravent la circulation sur les routes côtières. Photo P. H. B.

LIBAN-INFRASTRUCTURES

L’organisation internationale a prévu de prêter 225,2 millions de dollars à Beyrouth et d’approuver l’octroi d’un don de 69,8 millions de dollars du Mécanisme mondial de financement concessionnel (GCFF).

Le projet de développement des transports en commun dans le Grand Beyrouth a été approuvé mercredi par le conseil d’administration de la Banque mondiale, selon un communiqué publié hier. Cette validation constitue une étape décisive vers la mise en œuvre de ce projet qui vise à décongestionner le trafic routier, notamment sur les routes côtières du pays, et qui fait l’objet de discussions entre l’organisation internationale et les responsables libanais depuis au moins 2015.
Ce chantier, qui constitue la première phase d’un programme plus large de réhabilitation de ce secteur abandonné à son sort depuis des décennies, projette la construction de 40 kilomètres de voies rapides sur lesquelles 120 grands bus assureront la liaison entre Beyrouth et sa « banlieue nord » – plus précisément, la localité de Tabarja dans le Kesrouan. En plus de la mise en œuvre de ce système de bus rapide (Rapid Bus Transit ou BRT), la Banque mondiale prône l’établissement de lignes secondaires entre « les grandes stations et l’arrière-pays » sur lesquelles elle prévoit de faire circuler 250 minibus. Le projet pourrait être complété avec des travaux « complémentaires » afin d’inclure « les entrées sud et est » de la capitale libanaise.

Temps de trajet réduit de moitié
Au niveau du financement, l’organisation internationale devrait accorder un prêt de 225,2 millions de dollars au Liban et approuver l’octroi d’un don de 69,8 millions de dollars du Mécanisme mondial de financement concessionnel (GCFF). En plus de ce budget de 295 millions de dollars, la Banque mondiale s’attend à ce que le secteur privé investisse « entre 50 et 80 millions de dollars », précisant qu’il s’agira du premier projet qu’elle lancera dans le cadre de la mise en place de la loi sur les partenariats public-privé (PPP). Ce texte, qui fixe le cadre réglementaire des contrats en base desquels l’État ou ses institutions peuvent confier au secteur privé la construction, la modernisation ou la gestion d’équipements et d’infrastructures dans plusieurs domaines, a été adopté en août dernier.
Une fois réalisé, ce nouveau réseau de transports en commun pourra transporter 300 000 passagers par jour, selon la Banque mondiale, et réduire de moitié le temps de trajet entre Beyrouth et Tabarja – pour une durée moyenne d’une heure en raison de plusieurs étranglements de la circulation à Jounieh, Dbayé, ou encore Nahr el-Mott. Selon Ziad el-Nakat, expert en transports à la Banque mondiale, cité dans le communiqué, « le coût économique annuel de la congestion (du trafic) au Liban dépasse 2 milliards de dollars ». M. Nakat a également relevé que le développement du secteur des transports « représente un tiers du programme d’investissement » de 16 milliards de dollars dans les infrastructures que le gouvernement libanais prévoit de présenter à Paris le 6 avril prochain, à l’occasion de la Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises
(CEDRE) – une des trois conférences de soutien au Liban programmées entre mars et avril. La Banque mondiale souligne en outre que le trafic routier a augmenté de 15 à 25 % en raison de la présence de « quelque 1,5 million de réfugiés syriens » arrivés au Liban depuis le début du conflit qui a éclaté dans leur pays en 2011. L’organisation n’a par ailleurs pas confirmé l’existence d’un lien direct entre le timing de ce feu vert donné et l’organisation de CEDRE.
Si le projet de développement des transports en commun dans le Grand Beyrouth est régulièrement évoqué depuis 2015, c’est la première fois qu’il est officiellement approuvé par le conseil d’administration de la Banque mondiale, a assuré à L’Orient-Le Jour le service de presse de l’organisation. En juin dernier, une version antérieure du projet – prévoyant la construction d’un réseau de seulement 24 km reliant la station routière beyrouthine de Charles Hélou à Tabarja pour 250 millions de dollars – avait d’ailleurs été approuvée par la commission parlementaire des Travaux publics, des Transports et de l’Eau, mais le dossier n’avait finalement pas enregistré de nouveaux progrès. « Maintenant que la Banque mondiale a donné son feu vert, le projet doit être approuvé par le Conseil des ministres puis par le Parlement », a encore précisé le service de presse de la Banque mondiale. M. Nakat n’était pas disponible dans l’immédiat pour répondre aux questions de L’Orient-Le Jour concernant les derniers ajustements apportés au projet ni les enjeux liés à sa mise en œuvre – expropriations éventuellement programmées, sort des opérateurs privés qui se sont approprié les transports en commun, etc.
La Banque mondiale attend toujours par ailleurs que les députés libanais approuvent un projet de 200 millions de dollars visant à réhabiliter environ 500 kilomètres de routes sur quelque 6 000 km recensés en tout, entre autres dossiers en suspens.