Un dispositif environnemental créé par des étudiants libanais à l’honneur en France

De gauche à droite, Julien Hatem, Cheryl Sarrouh, Marc Dib et Yara Abdallah. Photo capture d’écran prise par Élie Aouad

Un timbre français à l’effigie du projet Hawana, conçu par quatre étudiants de l’ESIB pour mesurer le taux de dioxyde et de monoxyde de carbone présents dans l’air, a été émis mardi dernier à l’occasion de la Journée internationale de la qualité de l’air.

L’air que nous respirons sur notre campus et dans nos classes est-il sain ? C’est sur cette question que quatre étudiants en ingénierie à l’École supérieure d’ingénieurs de Beyrouth de l’Université Saint-Joseph (ESIB) se sont penchés. Encadrés par leur professeur Élie Aouad, ingénieur et président de l’association Léba (axée sur le développement durable, NDLR), Marc Dib, 23 ans, Yara Abdallah, Julien Hatem et Cheryl Sarrouh, tous les trois âgés de 24 ans, ont développé un dispositif permettant de mesurer la qualité de l’air aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur

Le timbre français, émis le mardi 7 septembre à l’occasion de la Journée internationale de la qualité de l’air, porte l’effigie du projet Hawana conçu par quatre étudiants de l’ESIB. DR

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Présenté dans le cadre du Concours national libanais pour le développement durable organisé en 2019 conjointement par l’association Léba et l’ESIB, leur projet, baptisé Hawana, s’inscrit dans le cadre de la stratégie menée par l’ESIB. Selon le Dr Wissam Raphaël, doyen de l’ESIB, celle-ci consiste à encourager la multidisciplinarité en incitant les jeunes étudiants à s’associer et à travailler sur des projets de développement durable. Le but étant de mettre à profit les expertises professorales et étudiantes dans un contexte où les ingénieurs en devenir s’adapteront à un marché du travail où l’on recherche des gens capables d’évoluer de façon interdisciplinaire.

Élie Aouad, président de l’association Léba, a présenté le projet Hawana, le 5 septembre, à Jacques Kossowski, maire de Courbevoie, en France. Photo DR

Destiné à détecter le trop-plein de dioxyde et de monoxyde de carbone, les deux gaz les plus nocifs dans l’air, l’appareil, composé de capteurs soudés sur une carte, est flexible, modulable et écologique, puisque constitué de matériaux recyclables imprimés en 3D. Surmonté de panneaux solaires et équipé de batteries pour le faire fonctionner la nuit, il se compose d’un boîtier de secteurs qui s’imbriquent et s’emboîtent les uns dans les autres de manière à protéger les capteurs tout en permettant au courant d’air ambiant de circuler et d’entrer en facilitant l’écoulement de l’eau par temps pluvieux. Les valeurs captées sont analysées et transmises en toute sécurité pour être traitées et affichées de manière claire et visible afin de faciliter leur lecture. Un système d’alerte a été pensé de sorte à permettre aux personnes concernées au sein de l’administration de recevoir des notifications via e-mail ou par messagerie (SMS) dès que le seuil d’alerte est atteint. Il est également possible de se connecter sur le site pour consulter les graphiques et informations en détail.

Une fois commercialisé, cet outil permettrait de protéger les personnes de la mauvaise qualité de l’air. Un problème plus sérieux qu’il n’y paraît puisque l’air pollué engendre toute sortes de maladies.

Donner l’opportunité et les moyens d’innover

« Notre but est de susciter un éveil, de sensibiliser les gens quant à la qualité de l’air qu’on respire, à la pollution intérieure aussi bien qu’extérieure », explique Marc Dib qui poursuit actuellement une thèse de doctorat en génie informatique à Polytechnique Montréal, au Canada. Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), la pollution atmosphérique constitue le plus grand risque environnemental pour la santé humaine, et est l’une des principales causes évitables de mortalité et de morbidité dans le monde. En effet, quelque 6,5 millions de décès prématurés dans le monde sont imputables à la pollution de l’air intérieur et extérieur.

Tout au long d’un semestre, les quatre étudiants ont partagé les compétences en génie informatique, industriel, électromécanique et réseaux de télécommunication, combinant les idées pour relever les défis, contourner les obstacles techniques et dénicher les solutions. Leurs efforts ont payé. Leur prototype s’est déjà vu doublement primé par l’Institut des ingénieurs en électronique et électrique (IEEE) et Murex. Freinée en raison de la pandémie, la volonté de faire avancer ce projet et de le commercialiser persiste. Sa promotion, initialement prévue en 2020, vient d’être relancée. En effet, un timbre français à l’effigie du projet Hawana a été émis mardi dernier à l’occasion de la Journée internationale de la qualité de l’air célébrée le 7 septembre. Le 5 septembre, le président de l’association Léba a également présenté le projet sur le stand de l’association à Jacques Kossowski, maire de Courbevoie, en France. Saluant « l’excellence » et le « génie » des jeunes universitaires qui, d’après lui, attestent qu’il y a toujours « espoir » pour le Liban, M. Aouad a souligné la nécessité d’accorder à la jeunesse libanaise l’opportunité et les moyens financiers pour innover notamment dans le domaine technologique en multipliant les partenariats entre universités, entreprises et associations. Un point que partage Marc Dib qui estime de son côté que « la motivation, l’implication, le suivi et les capacités sont là. Mais ce qui manque, ce sont les moyens pour concrétiser les projets et permettre aux idées de devenir réalité ».

source L’Orient-Le jour Par Micheline ABI KHALIL,