C’est avec émotion qu’on apprend ce mercredi 16 novembre 2016, la mort de Ghazi Aad, fondateur en 1990 et porte-parole de ce mouvement précurseur qui vise à établir la vérité sur la disparition d’un nombre estimé de 17000 ressortissants libanais et étrangers durant la guerre civile de 1975 à 1990 et de la période qui a suivi.
Ghazi Aad était une personnalité époustouflante comme on en rencontre peu, qui ne laissait personne indifférente. Malgré sa paralysie et le fait de devoir se déplacer en fauteuil roulant, charismatique, il était souvent aux premiers rangs des manifestations concernant les disparus, notamment par sa présence quasi quotidienne à la place Riad el Solh pour soutenir les mères et les épouses des disparus au-delà de toute religion, de toute appartenance politique ou de leur nationalité.
Lors d’une conversation qui s’est tenue, il y a de cela plusieurs années, en face du bâtiment de l’ESCWA au Centre Ville de Beyrouth, en présence des mères des disparus, il regrettait que les hommes politiques libanais, dont une grande partie avait été impliquée dans la guerre civile puissent continuer à bloquer la recherche de la vérité sur ces disparitions. Il militait ainsi que les enquêtes puissent non seulement concerner les responsables étrangers mais également locaux tant libanais que ceux des camps palestiniens.
Sous son impulsion, Solide, avec d’autres associations et organisations, avait réussi, en dépit du voile concernant les disparus, à établir un certain nombre de contacts à l’étranger et notamment avec des institutions internationales dont les Nations Unis ou le CICR pour contourner le silence des institutions étatiques libanaises.
En 2012, une loi dont il était l’un des principaux instigateurs avait été adoptée par le gouvernement et le parlement libanais après plus de 30 ans d’attentes suite notamment aux pressions de la communauté internationales et en premier lieu de l’Union Européenne qui finançait le programme. Cette loi accordait ainsi aux familles le droit à connaitre la vérité sur la disparition de leurs proches. Un institut consacré aux recherches des disparus ainsi que d’une commission nationale devaient être ainsi créés, non pas pour que des vendettas puissent avoir lieu comme certains le craignaient mais pour permettre aux proches de faire leurs deuils.
Espérons qu’en dépit de sa disparition aujourd’hui, ce combat puisse se poursuive, que la vérité puisse un jour éclater aux yeux de tous et surtout que les familles puissent pouvoir enfin trouver la Paix