Gestion des déchets au Liban : entre crises environnementales et sanitaires et possibles solutions (1/2)

La rédaction d’Odiaspora.org vous propose un reportage en deux volets sur les risques sanitaires et environnementaux causés par l’absence au Liban d’infrastructures adaptées à la gestion des déchets. Parce que le Liban n’est ni la Suisse, ni la Suède, Odiaspora.org a enquêté sur des solutions adapteés au contexte politico-économique libanais.

Au sortir de la Guerre civile (1975-1990), les diverses régions libanaises confient la gestion de leurs déchets à des entreprises de ramassage des ordures inexpérimentées, en sous effectifs et largement sous équipées, à l’image de Sukleen, qui opère à Beyrouth et dans ses banlieues. Pire, les déchetteries modernes répondants aux normes « environnementales occidentales», promises dans les années 1990 n’ont jamais vu le jour.

Ainsi, après trois décennies d’une gestion calamiteuse des déchets, le pays du Cèdre, autrefois si vert, se retrouve aujourd’hui noyé sous des tonnes d’ordures. Et l’incapacité des autorités à trouver des solutions durables et écologiques à ce problème ne fait qu’aggraver les périls environnementaux, aussi bien pour les Libanais, que pour la faune et la flore.

Pollution de l’environnement

Les déchets qui pourrissent à ciel ouvert à quelques mètres des habitations représentent en effet un grave danger sanitaire : outre les émanations pestilentielles dégagées par les montagnes de détritus et les maladies qu’elles engendrent, celles-ci contaminent également les sols mais aussi les nappes phréatiques.

Les premières études publiées dès l’an dernier sur les conséquences sanitaires ne sont guère rassurantes, et soulignent l’augmentation des cas d’empoisonnement et des problèmes respiratoires notamment à Beyrouth, où la crise des déchets est la plus grave du pays.

Pour Dominique Salameh, chimiste, «la pollution de l’eau est en augmentation de plus de 25% depuis le début de la crise en 2015».

Les risques sur la faune et la flore

Les milliards de fragments de déchets qui s’agglomèrent, pour des centaines d’années, dans la mer, dans les forêts, les bords de routes, portent de nombreuses atteintes à la faune et à la flore. L’exemple le plus emblématique est celui des tortues qui s’étouffent avec des sacs plastiques qu’elles prennent pour des méduses.

Les détritus constituent une menace pour une large partie de la faune : les déchets les plus gros causent blessures, infections ou mutilations aux animaux par effet d’emmêlement, par exemple avec des filets ou des sacs. Les nombreux fragments de plastique ingérés par les animaux ne leur laissent plus de place dans l’estomac pour manger. Ils meurent alors le ventre vide.

Qui plus est, les plastiques sont de véritables éponges à polluant organiques persistants, comme les pesticides, ainsi que les phtalates et les métaux lourds. En se dégradant, les morceaux de plastiques relâchent des éléments toxiques, qui s’avèrent dangereux pour l’ensemble de la chaîne alimentaire, puisque ces éléments se retrouvent dans les produits que nous consommons.

Pour Fifi Kallab, environnementaliste, «la pollution causée par les déchets en décomposition est une véritable épée de Damoclès au-dessus du Liban».