« Nous continuerons d’user de pressions afin d’assurer au Parlement le quorum nécessaire à l’élection du général Michel Aoun à la tête de l’État », a déclaré le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, devant une délégation d’émigrés libanais qu’il a reçus hier à Meerab, puis dans le cadre d’une interview à la MTV.
À ces deux occasions, le chef des FL a expliqué les raisons pour lesquelles il a renoncé à sa propre candidature à la présidence de la République et soutenu celle de son ancien adversaire politique, Michel Aoun, chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme.
Il a commencé par accuser l’Iran de bloquer l’élection présidentielle « par le biais du Hezbollah ». « Il est apparu à maintes occasions que Téhéran souhaite utiliser ce dossier comme monnaie d’échange. Pour accepter de lâcher prise, il voulait que l’Occident et les pays du Golfe soutiennent sa politique visant à maintenir Bachar el-Assad en place, ce qui n’a pas eu lieu. Il se fait aussi que l’Iran et le Hezbollah ne pouvaient pas bloquer la présidentielle sans le général Aoun qui est persuadé d’être en droit de gouverner le pays », a expliqué M. Geagea, avant de poursuivre : « Nous voulions débloquer la présidentielle et nous étions devant l’alternative suivante : soit convaincre le Hezbollah et l’Iran de le faire, ce qui était pratiquement impossible en raison des calculs stratégiques de Téhéran qui s’est donné à fond en Syrie pour maintenir Assad en place – et je vous promets qu’il ne restera pas en Syrie –, soit soutenir le général Aoun pour acculer l’Iran et le Hezbollah au déblocage. »
M. Geagea a ensuite relevé que la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié (soutenu par le courant du Futur), a renforcé la seconde option. « Le choix était limité entre deux candidats du 8 Mars. Nous avons préféré soutenir Aoun, ce qui a eu pour effet de brouiller les cartes », a-t-il poursuivi. « Nous allons continuer d’user de pressions afin d’obtenir au Parlement le quorum nécessaire à son élection », a martelé le chef des FL, en soulignant que son parti « depuis sa fondation œuvre en fonction des causes auxquelles il croit ».
Il a affirmé ensuite avoir payé le prix de cette politique en passant onze années en prison sous l’occupation syrienne. « Durant toute cette période, j’étais cependant persuadé que j’allais retrouver ma liberté. J’étais confiant sans savoir ni quand ni comment je sortirais de prison », a-t-il dit. « La tutelle syrienne a pris fin, mais ses représentants continuent de contrôler les rouages du pouvoir », a poursuivi M. Geagea, en allusion au Hezbollah qu’il a vivement critiqué, mais sans le nommer. « Une partie libanaise participe activement à la guerre en Syrie, sans l’autorisation des autorités libanaises. À quel niveau se situent donc les décisions stratégiques au Liban ? » s’est-il interrogé en montrant du doigt l’Iran.
Il a assuré qu’il poursuit ses concertations en faveur de l’élection du général Aoun à la tête de l’État. « Nous n’avons pas perdu espoir, d’autant que nombreux sont ceux qui partagent aujourd’hui notre point de vue », a-t-il commenté en expliquant qu’il est « très important de convaincre Saad Hariri du bien-fondé » de la décision des Forces libanaises, « parce que à mon avis, le Hezbollah ne veut pas de Michel Aoun à la tête de l’État ». « La majorité est assurée au Parlement et le quorum peut l’être », a-t-il insisté