Vu du Liban, où plus d’un million et demi de Syriens ont trouvé refuge, les réactions au bombardement américain restent mitigées. L’enthousiasme de septembre 2013, lié à une intervention américaine en Syrie, après des raids aériens au gaz sarin dans la banlieue damascène, a laissé place au scepticisme.
Dans son atelier de peintre, à Beyrouth, Ashraf prépare sa nouvelle exposition. Diplômé des Beaux-Arts de Damas, il a quitté son pays en 2012. Assis derrière son chevalet, il tente de se concentrer. Il doit envoyer ses dernières toiles à sa galerie d’ici à la fin de la semaine mais depuis ce matin, le jeune homme est distrait. A l’image de nombreuses personnes à travers le monde, il s’est réveillé au son de la voix du présentateur de la tranche information de sa radio, qui lui a appris que les Etats-Unis avaient frappé la base aérienne de Chayraate, dans la province centrale syrienne d’Homs, d’où l’attaque chimique présumée de mardi aurait été lancée. C’est la première fois que Washington vise directement le régime syrien.
“C’est positif, lance-t-il. La communauté internationale réagit finalement à la folie meurtrière de ceux qui utilisent des armes chimiques contre les innocents. Cela montre qu’il y a encore de l’espoir, personne n’est jamais vraiment seul au monde mais la situation reste compliquée.”
Pendant qu’Ashraf se plaît à rêver à un dénouement de la situation en Syrie, Mohamad, lui, est bien plus pragmatique. Originaire d’Alep, cet artiste de 32 ans semble aujourd’hui avoir perdu tout espoir en l’avenir de son pays. “Plus on tuera, plus il y aura de morts, lâche-t-il. Me questionner sur les bombardements américains en Syrie revient à demander à un corps inerte si cela le dérange d’être coupé en petits morceaux.”