Contentieux frontalier avec Israël : Aoun propose un arbitrage international

TENSIONS

“Israël ne peut se pas permettre de franchir les limites parce qu’il y a une décision libanaise de défendre les frontières terrestres et maritimes”, a lancé le chef de l’Etat dans une interview à une chaîne irakienne.

Le président de la République libanaise, Michel Aoun, a réclamé un arbitrage international dans le contentieux avec Israël sur la frontière terrestre et a proposé de recourir à “une tierce partie” sous le parrainage de l’ONU pour régler la dispute sur les hydrocarbures en mer.

Dans un entretien accordé à la chaîne irakienne al-Soumariya, le chef de l’Etat, qui a effectué une visite en Irak cette semaine, a indiqué avoir évoqué le contentieux sur les frontières terrestres et maritimes avec Israël avec le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, lors du passage éclair de ce dernier à Beyrouth la semaine dernière.

Le président Aoun a précisé avoir expliqué à M. Tillerson “que le Liban a en sa possession des cartes remontant aux années vingt du siècle dernier, que tout le monde peut consulter, prouvant les droits du pays sur son territoire”. “Il est impossible de les manipuler”, a ajouté M. Aoun. Il a demandé de recourir à “un arbitrage”, sinon “les résultats seraient dramatiques et Israël le sait parfaitement”. Et de lancer : “Israël ne peut pas se permettre de franchir les limites parce qu’il y a une décision libanaise de défendre les frontières terrestres et maritimes”.

Les tensions entre Israël et le Liban se sont accrues depuis l’annonce d’un projet de construction d’un mur à la frontière séparant les deux pays. Les autorités libanaises ont exprimé à plusieurs reprises leur opposition, estimant que 13 points litigieux, sur lesquels Israël compte édifier ce mur, se trouvent en territoire libanais. Les 13 points frontaliers sont historiquement revendiqués par le Liban. La délimitation de la frontière entre le Liban et la Palestine avait été effectuée par le comité Paulet-Newcombe en 1923. L’Etat hébreu a déjà édifié un mur en 2012 au niveau du village de Kfar Kila.

Jeudi, des délégations militaires libanaise et israélienne ont tenu une nouvelle réunion à Ras Naqoura (Liban-Sud) sous la houlette du commandant de la Force intérimaire de l’ONU au Liban, Michael Beary, pour discuter de ce dossier.

Au sujet des frontières maritimes, le chef de l’Etat a estimé qu’il était “possible d’avoir recours à une tierce partie experte dans de tels conflits, sous le parrainage de l’ONU, pour délimiter les frontières et trancher cette question”. M. Aoun a réitéré la détermination du Liban à “défendre ses frontières terrestres et maritimes”.

Le sous-secrétaire d’État américain pour le Proche-Orient, David Satterfield, mène une médiation entre Beyrouth et Tel-Aviv pour résoudre le litige concernant le bloc maritime 9 de la Zone économique exclusive (ZEE) libanaise, dont une partie se trouve dans une zone revendiquée par Israël. L’émissaire américain est retourné mercredi d’Israël pour une visite express au Liban, la troisième en trois semaines. A cette occasion, les responsables libanais ont à nouveau réaffirmé leur fermeté face aux demandes israéliennes et aux propositions de compromis énoncées par M. Satterfield.

Dimanche, le diplomate américain avait rencontré le ministre israélien de l’Energie, Youval Steinitz, qui avait déclaré, à l’issue d’un entretien, qu'”une solution diplomatique est préférable pour les deux parties”. Interrogé par ailleurs sur les réalisations du gouvernement depuis son accession à la tête de l’Etat en 2016, M. Aoun a déclaré que “beaucoup de choses ont été réalisées, notamment sur le plan institutionnel”, évoquant le renforcement des institutions publiques, sécuritaires et judiciaires, ainsi que l’attachement du pays à la politique de distanciation à l’égard des conflits régionaux.

Abordant le conflit en Syrie, le président Aoun a déclaré que “la solution est entre les mains des grandes puissances, par l’intermédiaire d’un accord entre les Etats-Unis et la Russie”.