Chant du cygne au Liban : peut-on encore seulement agir?

Hariri-Berri

Le Liban traverse une crise économique depuis très longtemps. Pour sortir du marasme actuel, les politiques au pouvoir doivent rendre les armes, estime Sébastien Boussois, enseignant en relations internationales, docteur en sciences politiques, chercheur sur le Moyen-Orient, les relations euroarabes, le terrorisme et la radicalisation.

Combien ont cru, le président Macron en tête, que le Liban se réveillerait après l’explosion du port de Beyrouth l’été dernier ? Combien ont imaginé qu’enfin, la classe politique dirigeante libanaise assurerait de nouveau le rôle qui lui incombe afin de venir au secours d’un pays qui court droit à la faillite ? C’était être bien optimiste et idéaliste alors que, selon la Banque mondiale, le pays traverse l’une des crises politique et économique les plus importantes au monde. Plus récemment, le 3 avril dernier, le journal Le Monde titrait quant à lui sur « Le braquage du siècle » des banques du Liban.

C’est la descente aux enfers et rien n’y fait. Le système politique communautaire est à bout de souffle mais personne ne semble déterminé à l’enterrer pour permettre au Liban de rebondir. L’effondrement inédit de la livre libanaise comme les révoltes sans fin de la société contre des dirigeants politiques impuissants et corrompus, sont les symptômes récents d’une crise civilisationnelle plus profonde pour l’ex- « Suisse du Moyen-Orient ».

CRISE ÉCONOMIQUE

Riad Salamé est donc soutenu par l’éternel Premier ministre Saad Hariri remis en selle, mais aussi par Nabih Berri, patron de Amal, rival politique du Hezbollah largement mouillé dans l’affaire, et contre le président Aoun qui, lui, souhaite désormais un audit sur les comptes. La finance et les budgets étaient tenus par Hariri puis Berri, ce qui a de quoi nous faire poser des questions. Il s’agit en réalité des vrais instigateurs de ce système dont on voit la fin aujourd’hui, ce qu’on appelle la troïka Hariri-Berri-Joumblatt, qui dispose du soutien du régime d’Assad en Syrie. Aujourd’hui, tous trois refusent de dévoiler les vraies finances du pays.

Le clan Aoun essaye désespérément de s’opposer à ce système, mais n’a pas le soutien réel du Hezbollah tiraillé de plus en plus entre son alliance avec lui et celle avec Amal – et donc Berri – qui soutiennent le clan Hariri. Michel Aoun avait combattu le régime d’Assad aujourd’hui tant honnis par la communauté internationale, alors qu’à l’époque, l’Occident était très proche d’Hafez el-Assad, le père de Bachar.

C’est une situation plus qu’intéressante parce que le positionnement d’Aoun contre cette troïka met la pression sur le Hezbollah, à tel point que les tensions sont désormais claires avec Amal. Pour la première fois de l’histoire contemporaine du Liban, les tensions intrachiites apparaissent désormais clairement au cœur de la vie politique libanaise. Un Hezbollah qui n’a pourtant jamais participé à ces manœuvres politiciennes financières et dont la base, comme le reste de la société libanaise, demande… la transparence !

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