Le chef de la diplomatie libanaise a dénoncé “les communiqués de papier” et “les déclarations en bois”.
OLJ/AFP
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a appelé vendredi à la “résistance” à l’ouverture d’un sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à Istanbul, convoqué pour faire condamner Israël après la mort, lundi, de près de 60 Palestiniens sous les balles israéliennes dans la bande de Gaza en manifestant contre le transfert de l’ambassade américaine à Jerusalem.
“Les Américains ont tenu leur promesse plus de 100 ans après la promesse des Anglais”, a déclaré M. Bassil au nom du Liban, membre de l’OCI, en référence à la “Déclaration Balfour”, du nom d’Arthur Balfour, ministre britannique des Affaires étrangères à l’époque, qui apportait le soutien de Londres à l’établissement d’un foyer juif en Palestine. S’adressant aux pays de la région, le chef de la diplomatie libanaise a dénoncé “les communiqués de papier” et “les déclarations en bois” . “Nous n’avons pas encore compris que la résistance était la seule solution”, a-t-il argué.
“Israël s’est moqué de nous tous et de la légitimité internationale et a choisi la date-anniversaire de la Nakba pour ouvrir l’ambassade des États-Unis à Jerusalem, menant à nouveau une danse de la mort et du crime. Puis il a délibérément tué des citoyens palestiniens en leur tirant dans le dos près de la frontière avec Gaza. “Nous devons tous déposer une plainte auprès de la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité. La justice internationale doit agir, poursuivre les criminels. Allons-nous enfin aider la Palestine ?”, a-t-il lancé.
Le communiqué final qui sera publié à l’issue du sommet appelle notamment à envoyer “une force de protection internationale” dans les Territoires palestiniens et “condamne les actions criminelles des forces israéliennes contre les civils désarmés” dans la bande de Gaza, a appris l’AFP auprès de participants. Le texte accuse en outre l’administration américaine “de soutenir les crimes d’Israël, y compris en le protégeant au Conseil de sécurité de l’ONU”. Il appelle aussi les Nations Unies à mettre sur pied “une commission d’enquête internationale” pour faire la lumière sur le bain de sang de Gaza. Le texte épingle aussi Washington en qualifiant le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem d'”acte de provocation et d’hostilité contre la nation islamique”.
Dans la journée, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU a adopté une résolution pour envoyer une équipe internationale spécialisée dans les crimes de guerre enquêter sur les événements à Gaza. Seuls deux des membres du Conseil, les Etats-Unis et l’Australie, ont voté contre la résolution, adoptée par 29 des 47 membres, 14 s’abstenant, parmi lesquels la Suisse, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Cette semaine, le président Michel Aoun avait dénoncé les violences à la frontière de la bande de Gaza, en parlant de “crime” israélien. La veille, d’autres responsables libanais avaient unanimement condamné la répression meurtrière des manifestations palestiniennes, ainsi que le transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. A ce sujet, le chef du Hezbollah avait estimé, lundi dans un discours, que “l’administration américaine prouve une fois de plus que seuls ses intérêts lui importent, puis ceux d’Israël”. “Nous devons en tant que peuples libanais et palestinien en tirer les leçons”, avait-il dit.
La réunion d’Istanbul se tient au moment où le monde arabo-musulman est miné par des divisions et des rivalités qui rendent peu probable toute mesure concrète à l’égard d’Israël. L’Arabie saoudite et ses alliés, qui semblent avoir assoupli leurs positions vis-à-vis de l’État hébreu, seraient réticents à d’éventuelles actions susceptibles d’aliéner Washington dont ils espèrent le soutien pour endiguer l’Iran chiite, qu’ils voient comme la principale menace dans la région.