Un leader de parti turc évoque un dialogue secret entre Damas et Ankara à Alger

Abdelkader Messahel avec le président syrien Bachar Al-Assad, à Damas. D. R.

Le président du Parti des travailleurs turc, Dogu Perincek, a laissé entendre sur les ondes de La Voix de la Russie, que des pourparlers seraient en cours à Alger entre la Syrie et la Turquie. Les relations entre les deux pays, avec lesquelles l’Algérie entretient des rapports amicaux, se sont sérieusement dégradées depuis le déclenchement de l’insurrection en Syrie, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan ayant joué un rôle central dans le soulèvement armé contre le régime de Bachar Al-Assad. La frontière turque a, en effet, servi de lieu de passage aux milliers de terroristes venus de plusieurs pays arabes et d’Europe pour participer à la guerre civile qui a fait plus de 200 000 morts et détruit une bonne partie du pays. Bien qu’opposée à toute intervention étrangère dans les affaires internes des Etats, dont celle flagrante de la Turquie en Syrie, l’Algérie a, cependant, toujours privilégié le dialogue et la concertation à la remontrance et à l’intervention étrangère.

C’est ainsi qu’Alger a maintenu ses relations intactes aussi bien avec Damas qu’avec Ankara. Une position qui lui permet, aujourd’hui, de jouer un rôle prépondérant dans un éventuel rapprochement entre les deux capitales, dans le cadre d’un dialogue qui devrait déboucher sur une résolution définitive du conflit syrien dont le prolongement menace non seulement le Moyen-Orient et le Maghreb, en raison de la vague terroriste qui en a découlé, mais le monde entier, puisque plusieurs pays ont été secoués par des attentats sanglants revendiqués par Daech.

Si l’information révélée par Dogu Perincek se confirmait, cela augurerait d’un début de règlement de la crise syrienne, dans la mesure où la Turquie a, jusque-là, eu un comportement néfaste qui a fini par se retourner contre le peuple turc, en proie désormais à une vague de terrorisme jamais égalée dans ce grand pays à la lisière entre l’Orient et l’Occident. La politique hasardeuse de l’islamiste Erdogan a eu pour conséquence grave le renforcement du mouvement terroriste Daech et la propagation de ses actions meurtrières hors des frontières syriennes où il a trouvé refuge après avoir vu le jour dans l’Irak voisin.

Un dialogue entre Ankara et Damas à Alger serait le troisième du genre, après les pourparlers de paix inter-libyens et inter-maliens réussis grâce à la clairvoyance d’une diplomatie algérienne dont la doctrine est fondée sur la nécessité absolue de faire taire les armes et, surtout, de militer contre la politique interventionniste de l’Otan et du Conseil de coopération du Golfe, qui regroupe les richissimes monarchies arabes.

Aucune information officielle n’a été rendue publique avant cette déclaration du président du Parti des travailleurs turc. Nous saurons dans les jours et les semaines à venir ce qu’il en est réellement.

Karim Bouali