“Solitaire”, un film d’amour sur la méfiance entre Libanais et Syriens

Le casting de "Solitaire" RelaxNews / KARIM SAHIB / AFP

Ils sont voisins mais Libanais et Syriens entretiennent des rapports difficiles, empreints de méfiance, comme en témoigne le film “Solitaire”, projeté en première mondiale au festival international de Dubaï.
Le long métrage de la jeune réalisatrice libanaise Sophie Boutros raconte l’histoire d’amour entre un Syrien et une Libanaise, dont les parents se montrent distants, sans même se connaître.

“Ta (future) belle-mère semble raciste”, résume d’emblée la mère du jeune aspirant qui s’est senti ignoré par Thérèse, la mère de sa dulcinée, dès la première rencontre.

La mère libanaise est embarrassée par la présence de la famille du Syrien. Dans un songe, elle voit réapparaître son frère, tué quelques années plus tôt par un obus syrien durant la guerre civile (1975-1990), qui la prévient que le père du marié “semble être un agent des services de renseignement” de Damas.

Cette scène ouvre le film et résume les relations conflictuelles qui perdurent une décennie après la fin de la longue présence militaire de la Syrie au pays du Cèdre.
Débarquant au Liban en 1976, les troupes syriennes ont quitté ce pays sous la pression locale et internationale, quelques mois après l’assassinat le 14 février 2005 de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri.

Néanmoins, la Syrie dispose toujours de puissants alliés chez son voisin, notamment le mouvement chiite Hezbollah qui participe aux côtés du régime de Bachar al-Assad à la guerre contre la rébellion en Syrie.

“Nous n’avons pas la prétention de règler le problème. Nous voulons le poser et ne plus l’enfouir”, explique à l’AFP la réalisatrice en parlant de son premier long métrage.

– ‘Pas de moralité’ –

La sortie de “Solitaire”, prévue en mars dans les salles de cinéma à Beyrouth, intervient sur fond de regain de tension avec l’afflux de centaines de milliers de réfugiés syriens fuyant la guerre et aggravant la situation économique déjà difficile au Liban.

“Le timing du film tombe bien à cause des susceptibilités actuelles” au Liban, souligne l’actrice libanaise Bety Taoutel. “Les peuples se vouent parfois de la haine à cause de la politique, alors que nous en sommes tous victimes. Le film montre que nous sommes victimes de problèmes que nous ne voulons pas mais dans lesquels nous nous trouvons impliqués malgré nous”, ajoute l’actrice.

Pour Elie Aramouni, un critique libanais, Sophie Boutros “a réussi à être impartiale”. La réalisatrice “présente avec une grande objectivité un sujet très sensible, évoqué d’une manière acceptable par tous”.

“Le plus beau dans ‘Solitaire’, c’est qu’il ne s’occupe pas de moralité mais pose le problème en tant que tel”, ajoute le critique.

“Le film nous ramène à la réalité: ce qui nous rapproche est plus grand que ce qui nous sépare”, renchérit Zeina Al-Sayed, qui faisait partie des centaines de spectateurs ayant assisté à la projection du film dimanche soir. “Les bons films sont le reflet de la société et ‘Solitaire’ a bien réussi” dans cette mission, conclut-elle.

Un total de 156 films de 55 pays sont à l’affiche du festival annuel de Dubaï, dont la 13e édition doit se terminer mercredi.
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