Sophie des Déserts, Paris Match
La fête est finie. Plus d’argent, la livre autrefois si solide, arrimée au dollar, dévaluée à plus de 90 %. Tout manque, l’essence, l’électricité, les médicaments, le Liban agonise, entre résignation et rage. C’est l’heure des comptes et les regards se tournent vers lui : Riad Salamé, le sphinx de la Banque du Liban (BDL), gouverneur depuis 1993, chantre de la stabilité financière, roué en montages et en discours rassurants, insubmersible gardien du coffre et de ses secrets. Vingt-huit ans qu’il tient tout, louvoyant entre les crises et les guerres, les argentiers du Golfe, d’Iran, de Syrie et les analystes du FMI, porté par ses décorations de « meilleur banquier central » et les hommages de Chirac, qui lui offrit un passeport tricolore et la Légion d’honneur. « Riad, disait-il, sera un jour président du Liban. »
Le grand Jacques appréciait ce petit Oriental cultivé, toujours bien mis, gominé, cigare au bec, qui lui avait été présenté par son ami Rafic Hariri. Riad Salamé a été fort bien traité par la France, jusqu’en septembre 2020, quand Emmanuel Macron l’a accusé, à mots à peine voilés, d’avoir bâti un « schéma de Ponzi », ce système frauduleux basé sur des taux d’intérêt insensés, rendu célèbre par Madoff. Diable, l’honorable gouverneur aurait ainsi joué, à l’échelle d’un État… . Comment est-ce possible ? Riad Salamé a-t-il encouragé la débâcle, comme le pensent nombre de Libanais, dont l’économiste Toufic Gaspard, ancien conseiller au FMI, qui parle du « plus gros krach bancaire des temps modernes » ?
Pour lire l’article en entier Paris Match | Publié le 27/11/2021