Les intentions du Premier ministre restent floues après l’annonce de sa démission, alors qu’il sera de retour mercredi au Liban.
Une nouvelle saison du feuilleton Hariri s’ouvre : le Premier ministre démissionnaire sera de retour au Liban mercredi pour participer à la fête de l’indépendance. La suite des événements à venir cette semaine constitue un triple test pour l’avenir politique personnel de Saad Hariri, mais surtout pour la stabilité du Liban et la diplomatie française.
«Aujourd’hui l’ivresse et demain le devoir», Saad Hariri aurait pu faire sienne la formule du poète arabe Imrou’l Qays pendant la réception familiale qui a réuni les Macron et les Hariri à l’Elysée samedi devant les caméras. Sorti d’Arabie Saoudite grâce à «un coup de maître» de la diplomatie française, selon la presse libanaise, Saad Hariri doit avoir un entretien déterminant à Beyrouth mercredi avec le Président, le général Michel Aoun. Selon les confidences de son entourage, il aura la confirmation écrite de sa démission dans une main et les conditions de son retour aux affaires dans l’autre. Reprenant les raisons invoquées lors de son départ du gouvernement annoncé depuis Riyad le 4 novembre, Hariri veut obtenir des engagements pour contrer «la mainmise» du Hezbollah (membre de l’exécutif libanais et soutenu par l’Iran) sur la vie politique nationale. Il s’agit de revigorer le principe de «distanciation» du pays vis-à-vis des conflits régionaux et des influences de l’Arabie Saoudite et de l’Iran. Un compromis dans ce sens, négocié en octobre 2016, avait permis l’élection d’Aoun à la présidence de la République et la désignation de Hariri comme chef du gouvernement après deux ans et demi de vide institutionnel dans le pays.
La France poursuit sa médiation après avoir usé de son influence auprès des Saoudiens et des Libanais pour ne braquer personne. «Elle a demandé au président Aoun de faire un pas vers une mise en œuvre de la politique de distanciation»,indiquait samedi une source à l’Elysée.Et d’ajouter : «La solution envisagée, et il n’y a pas d’autre moyen, doit être une solution inclusive.» L’engagement personnel de Macron dans ce dossier épineux a commencé par sa rencontre la semaine dernière avec Mohamed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie Saoudite. Son premier objectif, protéger le Liban des rivalités régionales, est conforme au rôle que les Libanais attribuent à la France, qu’ils continuent d’appeler «notre tendre mère».
Cette intervention pour le Liban, point chaud de la confrontation régionale majeure entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, «permet à Macron de ramener la France sur les dossiers politiques au Moyen-Orient, au-delà des contrats commerciaux», écrit un chroniqueur du quotidien publié à Londres Al-Araby Al-Jadeed.
Hala Kodmani