Participation libanaise réussie au Salon du livre de Paris

L'un des moments forts du « temps libanais » au Salon a été la remise du prix France-Liban à l'écrivain Charif Majdalani pour son roman « Villa des femmes » (Seuil, 2015). Photos Ammar Abd Rabbo

Le stand du Liban a connu une forte affluence au Salon du livre de Paris, où il jouxtait celui du Maroc, pays invité d’honneur de cette 37e édition. Grâce au soutien du ministère libanais de la Culture et aux efforts déployés par Cyril Hadji-Thomas et Michel Choueiri, respectivement CEO fondateur et administrateur de la société Bookwitty, le Liban a marqué sa présence grâce à un stand bien disposé, spacieux et attractif, regroupant un large éventail de libraires et d’éditeurs libanais (notamment les maisons d’édition Tamyras, La Revue phénicienne et L’Orient des Livres) ainsi que des ouvrages sur le Liban, essais politiques, historiques, archéologiques ou touristiques, romans, BD, livres pour enfants. Les visiteurs dans les allées, parmi lesquels des hommes politiques comme Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon, ont été interpellés par une programmation de qualité, un espace de rencontre et d’échanges, des capsules vidéo présentant les auteurs invités, les thématiques proposées et les signatures des auteurs.

L’un des moments forts du « temps libanais » au Salon a été la remise du prix France-Liban à l’écrivain Charif Majdalani pour son roman Villa des femmes (Seuil, 2015), en présence du ministre de la Culture, Ghattas Khoury, et de l’ambassadeur du Liban auprès de l’Unesco, Khalil Karam, des membres du jury du prix France-Liban et des auteurs des ouvrages ayant été en lice, à savoir Yasmine Ghata (J’ai longtemps eu peur de la nuit, éditions Robert Laffont), Anne Defraiteur Nicoleau (Palace Café, Tamyras), Élisabeth Toutut-Picard (Liban-Syrie. Intimes étrangers, Actes Sud), Emmanuel Villin (Sporting Club, Asphalte) et Basma Zerouali (Le quatuor de Beyrouth, Geuthner). Georgia Makhlouf, coordinatrice du prix, a présenté l’œuvre de Majdalani, qui raconte le Liban à travers des histoires familiales fortes dont l’ordre et la routine sont bouleversés par les turbulences de l’Histoire avec un grand H, et où émergent des figures de femmes volontaires. Makhlouf a tenu également à valoriser chacun des ouvrages sélectionnés, en le présentant succinctement, avant de donner la parole au lauréat du prix, qui a lu un extrait de son roman Villa des femmes.
À son tour, le ministre Ghattas Khoury a félicité les organisateurs du stand et mis l’accent sur l’importance de la participation du Liban au Salon du livre de Paris, ainsi que la nécessité de promouvoir la culture libanaise. Soulignant la vitalité et la créativité dont font preuve la société civile et les promoteurs de la culture au Liban, il a notamment annoncé la prochaine ouverture de la Bibliothèque nationale à Beyrouth.

D’autres pics de fréquentation ont été enregistrés au cours des trois journées du Salon, avec des signatures, notamment autour du théâtre libanais (avec Roger Assaf), des figures musicales libanaises (avec Zeina Kayali) et de l’histoire de l’USJ (avec le père recteur Salim Daccache et le professeur Roland Tomb). Le dernier jour a été marqué par une table ronde organisée sur le stand du Maroc ayant pour thème: « Regards sur l’édition dans le monde arabe », avec Charif Majdalani et Franck Mermier, qui ont codirigé un ouvrage sur ce sujet (éd. Karthala). Une réflexion capitale sur l’histoire de l’édition et de la lecture dans les pays arabes, du Liban à l’Égypte, en passant par l’Irak, les pays du Golfe et le Yémen, jusqu’au Maroc. La thématique aborde les problèmes de distribution du livre et de la censure, qui peuvent constituer des entraves à l’édition et à la diffusion, le livre comme vecteur de subversion et comme enjeu de politique culturelle, l’existence d’un marché du livre panarabe, l’importance commerciale des foires du livre dans les capitales arabes et enfin le développement des programmes de traduction ainsi que l’irruption de nouveaux acteurs dans les mondes de l’édition, attachés à diffuser une pensée critique et novatrice, « deux notes d’espoir dans ce temps d’incertitude qui caractérise la région arabe », comme le précisent les deux intervenants.

En clair, la 37e édition du Salon du livre de Paris a constitué en tous points un tournant qualitatif pour la participation libanaise et un nouvel élan donné à la présence littéraire du Liban dans cette manifestation culturelle de premier plan en France.