Lisa Simone a illuminé le temple de Bacchus dimanche soir, à Baalbeck, avec un concert aussi punchy qu’émouvant. Devant plus de 700 personnes, la comédienne et chanteuse, fille de l’icône du jazz Nina Simone, a enflammé le cœur des Libanais, quelque dix-huit années après le passage de sa mère dans l’ancienne Héliopolis des Romains.
‘‘Je n’ai pas du tout retrouvé Nina Simone, c’est le renouveau’’, ‘‘elle est impressionnante’’, ‘‘rien à dire : elle est délicieuse, naturelle, spontanée’’, ‘‘nous venons de vivre un moment de pure beauté et de bonheur’’, ‘‘je ne la connaissais mais elle nous a démontré ce soir qu’elle était différente de sa mère’’, ‘‘extraordinaire’’, ‘‘époustouflante, j’ai adoré son charisme, son physique, son aura et elle a vraiment son propre style, Lisa Simone ne souffre aucunement de la comparaison avec sa maman’’. Le public était unanime, dimanche soir, à l’issue du concert d’une heure trente de la comédienne et chanteuse Lisa Simone, accompagnée sur scène par son directeur artistique et guitariste Hervé Samb, le bassiste et contrebassiste américain Reggie Washington, et le talentueux batteur guadeloupéen Sonny Troupe. Habillée d’une tunique aussi colorée que sa musique, Lisa Simone, avec son sourire entrainant et son dynamisme à toute épreuve, a l’allure d’une très jeune femme. Elle est pourtant née en 1962 à New York, aux Etats-Unis, où elle vit jusqu’à ses huit ans avant d’être ballotée aux quatre coins du monde du Japon au Sénégal en passant par l’Australie pour les besoins de la carrière de sa mère, l’immense Nina Simone. Lisa fait donc incontestablement partie du club de ces ‘filles ou fils de…’ mais, de son propre aveu, appartenir à ce lignage n’a jamais été vécu comme un avantage. Au contraire. Difficile, en effet, d’exister dans l’ombre de la Diva Simone, qui a enregistré au cours de sa vie plus de cinquante albums. Et sa famille ne souhaitait pas qu’elle épouse la même carrière que sa mère. Lisa a donc du se battre pour se démarquer et vivre de sa passion.
Cette force combative – sa vivacité, se retrouve d’ailleurs sur scène. Face au public, Lisa Simone est présente. Elle joue, parle, danse, plaisante avec ses spectateurs entre deux morceaux… dont l’interprétation révèle un grain et une puissance de voix époustouflantes. Groovie, elle se balade d’un style musical à l’autre avec une aisance déconcertante. Dès son entrée dans le temple de Bacchus, Lisa révèle au public ses dernières compositions aux sonorités de soul, blues, reggae et de jazz, issues de son dernier et deuxième album, ‘My World’, dans les bacs depuis le mois de mars. Très éloignée de la voix basse de sa mère, Lisa Simone, à plus de cinquante ans, assume cependant sa filiation. Au début de sa prestation, dimanche soir, elle s’est en effet jouée de son public à qui elle a fait passer un examen en lui posant la question ‘piège’ : ‘‘De qui suis-je la fille ?’’. Après que la voix des nombreux spectateurs aient fait résonner, dans l’enceinte du temple de Bacchus, le nom de la reine Nina, Lisa a tenu à ‘‘célébrer’’ sa mère. En interprétant le tube ‘Ain’t got no, I got life’, écrit en 1968, mais surtout en invoquant son esprit en entonnant les paroles de ‘If You Knew’ cette chanson composée en 1965 par la Diva du Jazz à l’intention de sa petite fille de trois ans. Une certaine Lisa.