La proposition faite par le Premier ministre libanais Saad Hariri en visite en Russie d’importer des armements russes n’a rien d’une nouveauté. En février 2010, avait eu lieu la conclusion d’un accord de coopération militaire et technique entre le Liban et la Russie avait qu’il ne soit entériné par le gouvernement libanais en novembre 2012.
Comprenant 10 articles, il stipulait que le Liban importe des armements et de l’arsenal de combat de la Russie laquelle devrait garantir leur fonctionnement et leur réparation. Y sont également évoquées la contribution russe pour l’édification d’installations militaires et la formation d’experts dans des instituts d’enseignement et de formation qui puissent prendre en considération les besoins des deux protagonistes.
Mais son application n’a jamais vu le jour.
Et pour cause, il est bloqué, quoique la majeure partie de la procédure à suivre pour sa ratification ait été réalisée.
En 2012, il a été transmis au Parlement libanais où sa première clause aurait du être modifiée et une clause supplémentaire aurait du lui être ajoutée, stipulant que « la Russie doit offrir l’aide militaire et technique », au Liban.
Il est passé par la commission des affaires étrangères et des immigrés, puis par celle de la Défense et des mairies, où il a été ratifié.
Depuis mai 2012, il se trouve bloqué dans les tiroirs de la commission du budget, d’où il aurait du être dépêché à l’Assemblée générale, pour y être voté. Il n’a jamais été inscrit à l’ordre du jour.
« Il y a une grande décision entre les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France pour que l’armée libanaise reste sous la soutane de l’occident », explique le journal libanais al-Akhbar. Manifestement, le but en est de préserver la supériorité militaire de l’entité sioniste, en terme surtout de force aérienne et d’artillerie lourde.
Dès lors, tout est fait pour interdire à n’importe quel acteur international ou régional d’équiper l’armée libanaise.
Wikileaks a révélé comment les Etats-Unis ont menacé de couper leur aide au cas où le Liban acceptait une aide militaire russe.
En effet, en 2008, Moscou avait fait part de sa disposition à livrer au Liban des Mig-29, ou six hélicoptères de combat, ainsi qu’une brigade de chars relativement modernes.
Et lorsque l’Iran a proposé de faire de même, en 2013, c’est l’Arabie saoudite qui s’est jetée de l’avant, proposant sa fameuse somme copieuse de trois milliards de dollars d’aides à l’armée libanaise en armes françaises. Puis elle s’est rétractée.
Une bonne partie de la classe politique libanaise semble jouer le jeu des occidentaux et de leurs alliés des monarchies arabes, pour empêcher une diversification des sources d’armements de l’armée libanaise. Bien sûr tout en se gardant de l’avouer ouvertement.
Le Premier ministre libanais Saad Hariri ne devrait pas faire exception à la règle. Plus que quiconque, il sait le rejet occidental à sa proposition russe et ne saurait le repousser. De quoi rendre légitime la question sur les visées réelles de sa visite russe.
Elle intervient après celle du ministre des Affaires étrangères saoudien, Adel Al-Jubeir. Laquelle intervient après celle du Premier ministre israélien.
Devenu un acteur incontournable au Moyen-Orient, Moscou semble être convoitée aussi pour sa collaboration scellée avec Téhéran. Toute tentative de l’approcher ne saurait se discerner de la volonté de l’en écarter