Des sources françaises font part de la décision de Washington d’intervenir directement dans la crise survenue au Liban et ce, dans le sens du retour de Saad Hariri à Beyrouth. De son côté, l’Arabie saoudite cherche toujours une sortie en douceur de l’affaire Hariri, sans pour autant abandonner toutes ses revendications.
Après sa visite le 8 novembre à Abou Dhabi, le président français Emmanuel Macron a envoyé son conseiller diplomatique Aurélien Lechevallier à Beyrouth. Deux jours plus tard, Macron a pris lui-même l’avion pour effectuer une courte visite à Riyad, écrit le journal Al-Akhbar citant des sources françaises dignes de confiance.
Ces sources disent que l’Arabie saoudite avait auparavant convoqué Saad Hariri à Riyad et l’avait largement informé les activités du Hezbollah au Yémen, lui demandant de prendre des mesures pratiques à ce sujet. « Mais le Premier ministre libanais n’avait pris aucune position ferme contre le Hezbollah pour rassurer les Saoudiens », ajoutent ces sources.
Selon le quotidien libanais Al-Akhbar, ce qui a le plus discrédité les Saoudiens, c’est que la France s’est lancée, aux côtés des Libanais, dans une campagne diplomatique mondiale, de façon à conduire Ben Salmane à la reculade.
Il s’est vu obligé de reconnaître les demandes du Liban et d’accepter celles de Paris, en vue de libérer Hariri, mais à condition qu’il parte pour Paris, et pas directement à Beyrouth. C’est pourquoi Riyad attendait la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, pour examiner certains détails avec lui.
Selon Al-Akhbar, le prince héritier saoudien ne veut pas être le parfait perdant dans cette affaire. Il souhaite continuer la lutte. Et ce, alors que les États-Unis ont indiqué à la France mais aussi aux pays arabes que le gouvernement américain prendrait en charge le bon déroulement des choses après le retour de Hariri à Beyrouth. Des responsables américains ont aussi contacté la partie saoudienne et la personne même de Saad Hariri, pour parler de l’étape suivante, ajoute le journal.
Sur ce fond, un haut responsable libanais s’est dit inquiet, jeudi, des efforts américano-saoudiens pour augmenter les pressions sur Hariri. Le plan de Ben Salmane consiste à faire miroiter à Saad Hariri de belles promesses de résoudre sa crise financière et de subvenir à tous ses besoins, en contrepartie d’une acceptation par M. Hariri de la mission saoudienne, affirme cette autorité libanaise de haut rang.
Il précise également que les dires des parties occidentales confirment que Riyad ne veut plus de Saad Hariri au poste de Premier ministre du Liban.
Le plan de Riyad exigeait que Saad Hariri restât engagé envers la demande saoudienne en faveur de la démission et qu’il essayât de justifier cette mesure avec des arguments qu’il a élaborés le 4 novembre, précise le journal.
Pour sa part, le Liban devrait mettre fin à la campagne diplomatique et son représentant à la réunion ministérielle des pays arabes ne devrait pas rejeter la demande saoudienne de condamner ce que les responsables de Riyad appellent les actes terroristes du Hezbollah, surtout au Yémen.
En fait, le président libanais n’avait nullement promis d’éviter les commentaires hâtifs sur ces évolutions, mais avait accepté de mettre un bémol sur ses déclarations à l’encontre des Saoudiens, à condition que cela aboutisse à un accord permettant au Premier ministre démissionnaire de quitter Riyad et d’aller à Paris.