Le fils aîné du chef druze Walid Joumblatt perpétue la tradition des dynasties politiques.
Dans une autre vie, Taymour Joumblatt aurait pu faire de ses passions, l’histoire et le cinéma, son métier. Mais quand on descend d’une lignée féodale ancienne du Mont-Liban, le cœur historique du pays du Cèdre, et qu’on est l’aîné, on n’échappe pas à son destin. A 36 ans, l’homme s’apprête à devenir député, un an après avoir été intronisé comme le chef de la communauté druze libanaise par son père, Walid Joumblatt. Son élection, lors du scrutin législatif, dimanche 6 mai, est acquise.
Taymour Joumblatt, pourtant, ne s’en cache pas : il n’aime pas la politique, et critique le féodalisme libanais, ce système où quelques familles se transmettent le flambeau du pouvoir de génération en génération, depuis des siècles. Un pouvoir « dynastique » qui s’est imposé en modèle au cours des dernières décennies pour une large part de la classe politique : des dizaines d’« héritiers » sont en lice pour siéger au Parlement.
Tourner le dos à ce passé était impossible. « Cela fait quatre cents ans que notre famille fait de la politique », rappelle Taymour Joumblatt, seigneur malgré lui, dans le palais de Moukhtara, niché au cœur de la montagne du Chouf. Enfant, lorsqu’il rejoignait cette demeure familiale, il y observait son père qui recevait les doléances des druzes. C’est lui, désormais, qui tend l’oreille, chaque samedi, aux problèmes d’argent ou de famille que lui confient hommes et femmes de la communauté, venus de tout le Liban, et parfois même de Syrie. A charge, pour lui, de leur venir en aide. A ce rituel ancien s’est ajouté le jeu des selfies, pris aux côtés de Taymour Joumblatt, coiffé à la mode.
Sa priorité : être sur le terrain
La veille, il était en tournée électorale non loin de là, rendant visite à des religieux chrétiens et à des personnalités musulmanes. Courtois et simple, le chef druze se garde de faire des promesses – « Tout commence après les élections » – ou des longs discours. Une religieuse lui…