Le président de la République Michel Aoun a reçu hier à Baabda une délégation du corps consulaire devant laquelle il a affirmé que pour parvenir à rebâtir le pays, « il convient de changer complètement notre mentalité » et d’apprendre à éprouver de la compassion les uns envers les autres. De son côté, le doyen du corps consulaire Joseph Habis a fait part de la fierté de ses homologues diplomates de présenter leurs vœux pour la nouvelle année au président de la République élu, et a insisté sur la nécessité de permettre aux expatriés de voter à partir de leur pays de résidence lors des prochaines législatives.
Prenant la parole devant la délégation du corps consulaire, le président Michel Aoun a déclaré: « Nous sommes levantins et notre vie est ici, il nous est désormais impossible de ne pas regarder autour de nous (…) Mais cela ne signifie pas que nous devons couper les ponts avec les autres. » Il a ajouté que « pour parvenir à rebâtir le pays », il convient de « changer complètement notre mentalité » et d’apprendre à éprouver de la compassion les uns envers les autres. « Aucun pays ne trouve sa voie sans un appui sur des valeurs », a souligné le président avant d’exhorter « tout le monde à se mettre à pied d’œuvre afin de rattraper le temps perdu » durant les deux années de vide institutionnel. Il a aussi exhorté les Libanais à « compter sur eux-mêmes » et à ne pas compter sur « l’extérieur » car aujourd’hui « personne n’est plus en mesure d’aider quiconque » et il faut que chaque partie s’aide « elle-même ».
« Nous faisons partie d’une région et il nous appartient d’observer notre entourage et notre environnement. Nous sommes levantins et notre vie est ici, elle n’est plus ni à l’Est, ni à l’Ouest, ni au Nord, ni au Sud. Cela ne signifie pas pour autant de couper les ponts avec quiconque parce que les échanges sont nécessaires, mais notre siège est ici, et c’est ici que nos efforts doivent se concentrer. Nous ne voulons pas être des “habitants” du Liban – et c’est cela dont je veux que vous vous souveniez – mais des citoyens. Nous avons des obligations envers notre pays et notre société, nous ne sommes pas de simples habitants qui pouvons plier bagage à n’importe quel moment », a martelé le président de la République, souhaitant que les diplomates transmettent ce message aux pays où ils sont assignés.
Le doyen du corps consulaire Joseph Habis a quant à lui choisi de mettre l’accent dans son intervention sur deux points. D’abord sa fierté et celle de ses pairs de se trouver à Baabda pour présenter leurs vœux au président élu, ensuite la nécessité de permettre aux expatriés de voter à partir de leur lieu de résidence lors des prochaines législatives. M. Habis s’est, d’une part, appuyé dans son discours sur « l’amour » que porte le président à l’armée libanaise et, d’autre part, son appel aux expatriés de « prendre part au processus de redressement du pays ». « Nous connaissons votre combat contre la corruption et les corrompus, et votre volonté de lutter contre le pourrissement », a aussi déclaré M. Habis avant d’exprimer le soutien plein et entier du corps consulaire à la présidence de la République.
Le chef de l’État a par ailleurs reçu le supérieur général de l’ordre des moines libanais maronites, l’abbé Nehmtallah Hachem, à la tête d’une délégation devant laquelle il a insisté sur la nécessité de lutter contre « la désertification du territoire qui nous transforme en réfugiés hors de notre patrie et sans identité ». Il a appelé à « rester attaché à sa terre, seul espace au sein duquel l’on peut agir en toute liberté de conscience et de religion ». « Le Liban est le modèle de vie pour les sociétés futures, a déclaré le président. L’unilatéralisme est tombé face à la démocratie en politique. Il existe désormais un mélange puissant entre les différentes opinions et une coexistence entre les différentes religions, et c’est ce que nous devons préserver », a affirmé le général Aoun.
Le président de la République a enfin accordé audience au patriarche syriaque-orthodoxe, Ignatios Ehprem II, qui l’a remercié pour ses propos tenus devant le corps consulaire, l’appelant à mettre fin à « l’injustice » qui vise la communauté qui n’a droit à aucun représentant à la Chambre des députés.