A Saïda, des chameaux victimes collatérales de la campagne électorale

Accueillir les hommes politiques de son choix avec enthousiasme est certainement un droit dont jouissent les électeurs. Mais pourquoi faut-il que cela s’accompagne de torture d’animaux domestiques ? Quelle culture de violence commande-t-elle la mise à mort d’animaux qu’on a auparavant teints de la couleur de tel ou tel parti, rien que pour honorer un illustre visiteur ?
Des photos de chameaux et de moutons grossièrement peints en bleu, traînés dans les rues de Saïda et, enfin, jetés à terre avec les membres liés ont fait le tour hier des réseaux sociaux, suscitant l’indignation générale. On peut se demander pourquoi, au lieu de se révolter contre l’état de délabrement avancé des infrastructures, s’évertue-t-on à prêter allégeance aux dirigeants en maintenant des traditions désuètes qui ne sont même plus conformes aux lois en vigueur.
En effet, la nouvelle loi nationale sur la protection des animaux (adoptée en 2017) stipule, dans l’un de ses articles, qu’ « il est interdit d’accomplir un acte qui inflige une maladie, un grand stress ou une souffrance à un animal, ou qui l’expose au danger et à la torture ». Ces dispositions de la loi sont en phase avec les législations internationales, notamment celles de l’Organisation internationale des Epizooties (OIE).
Mais, surtout, quel sens donner à de tels actes de cruauté effectués en pleine rue, en présence de citoyens de tous les âges, dans une échéance qui est supposée être celle de la responsabilité de choisir ses représentants? Pourquoi s’imaginer toujours que les autres créatures sont à la merci de notre perception et de nos besoins de paraître et d’exprimer nos sentiments ? Il est grand temps de réguler notre relation aux animaux et, surtout, de modifier en profondeur cette culture du sacrifice pour célébrer la vie.