L’Arabie Saoudite a accueilli en grande pompe Donald Trump ce week-end. Sur la question du terrorisme, il a violemment attaqué l’Iran et a réclamé son isolement.
Il y avait le Donald Trump de la campagne présidentielle, celui qui pensait que «l’islam nous hait». Et il y a celui qui a été élu et qui a entamé samedi en Arabie Saoudite sa première tournée internationale. La lutte antiterroriste n’est pas «une bataille entre religions», a-t-il déclaré dimanche devant une trentaine de dirigeants de pays musulmans à Riyad. «C’est une bataille entre des criminels barbares qui essaient d’anéantir la vie humaine et des gens bien de toutes religions qui cherchent à la protéger. […] C’est une bataille entre le Bien et le Mal», a-t-il ajouté, tout en appelant les pays du Moyen-Orient à combattre «l’extrémisme islamiste» et à n’offrir aucun «refuge aux terroristes».
Le président américain a joui d’un accueil royal à Riyad. Tirs de canon, posters à son effigie dans les rues, cérémonies en tout genre… Les dirigeants saoudiens se sont empressés de plaire à leur hôte, visé aux Etats-Unis par des révélations et des scandales en cascade sur ses liens avec la Russie. Ces affaires n’ont «absolument» aucune incidence sur les relations américano-saoudiennes, a assuré le ministre de l’Energie, Khaled al-Faleh. Des projets de plus de 380 milliards de dollars, dont des ventes d’armements américains pour 110 milliards, ont été annoncés. Trump s’est, de son côté, gardé de toute critique sur le thème des droits de l’homme dans un pays dont les pratiques sont régulièrement dénoncées par les ONG. «Nous ne sommes pas ici pour donner des leçons, nous ne sommes pas ici pour dire aux autres comment vivre», a-t-il affirmé. L’ambiance de cette visite tranche avec celle de Barack Obama, en avril 2016. L’accueil avait alors été beaucoup plus froid, le régime saoudien faisant payer les accords sur le nucléaire iranien signés à l’été 2015. L’Arabie Saoudite, sunnite, considère l’Iran, chiite, comme son principal rival et cherche à contrer son influence croissante dans la région. «Le régime iranien est le fer de lance du terrorisme depuis l’avènement de la révolution de [l’ayatollah Rouhollah] Khomeiny», a déclaré, dans une charge sans précédent, le roi saoudien, Salmane, dimanche devant Trump.
Le président américain a lui aussi violemment attaqué l’Iran, qui vient de réélire Hassan Rohani à la présidence (lire page 12). « Du Liban à l’Irak en passant par le Yémen, l’Iran finance, arme et entraîne des terroristes, des milices et d’autres groupes extrémistes qui répandent la destruction et le chaos dans la région. […] En attendant que le régime iranien montre sa volonté d’être un partenaire dans la paix, toutes les nations dotées d’un sens des responsabilités doivent travailler ensemble pour l’isoler», a-t-il affirmé.
Donald Trump, qui avait ordonné des frappes contre une base aérienne en Syrie le 7 avril, quelques jours après une attaque chimique sur la ville de Khan Cheikhoune, a accusé le président syrien Bachar al-Assad (soutenu par l’Iran) d’être responsable de «crimes indicibles».
Quelques heures avant le discours du président américain à Riyad, Hashem Safieddine, le chef du conseil exécutif du Hezbollah libanais, un groupe pro-iranien allié du régime syrien, avait jugé l’administration Trump «mentalement entravée et folle». Safieddine venait d’être désigné comme «terroriste» par Washington et Riyad, qui l’ont inscrit sur leur liste noire commune.