2018, une année électorale par excellence

L’année 2018 devrait en principe être principalement électorale. Depuis le règlement de la crise politique provoquée par la démission controversée du Premier ministre à partir de Riyad, tous les efforts se concentrent désormais sur les prochaines élections législatives, fixées au 6 mai. Les changements politiques survenus au cours des deux derniers mois devraient donc se concrétiser à travers ces élections et produire un nouvel équilibre politique au sein du Parlement qui sera issu de ces élections. En principe, l’alliance qui s’est consolidée ces derniers temps entre le courant du Futur et le CPL devrait se traduire par une alliance électorale fructueuse pour les deux parties. Au point d’ailleurs que le Premier ministre a déclaré dans une de ses interventions publiques au cours des deux dernières semaines : « Nul ne doit croire que la nouvelle loi électorale nous a été imposée. Nous avons contribué à son élaboration », allant ainsi à l’encontre de ce qui avait été dit lors de l’adoption de cette loi qui avait été alors qualifiée de favorable au duo chiite Amal-Hezbollah, et même de certaines déclarations de responsables saoudiens, selon lesquels cette loi traduisait « la mainmise du Hezbollah sur le système politique libanais ».

La réalité, c’est que la nouvelle loi électorale comporte encore de nombreuses zones d’ombre. D’une part, à cause du fait qu’il n’y a plus eu d’élections législatives depuis 2009 et qu’il est par conséquent difficile de connaître les nouvelles tendances des électeurs en dépit de la multiplication des instituts de sondage, et, d’autre part, en raison du processus complexe qui est prévu et qui consiste en un double vote, d’abord pour faire passer la liste électorale et ensuite pour choisir un candidat préférentiel au sein de la liste.

Ce qui est certain, dans tous les cas de figure, c’est que la bataille électorale sera féroce, tant l’enjeu semble important, puisqu’il s’agit de concrétiser un nouveau rapport des forces politiques internes et régionales pour les quatre prochaines années. Car derrière les forces locales, se profile la lutte sans merci que se livrent l’Iran et l’Arabie saoudite dans la région.

D’ailleurs, certaines parties affirment déjà que même si l’alliance à cinq parties fonctionne jusqu’aux élections, elle ne pourra pas survivre après cette échéance, exactement comme ce fut le cas de l’alliance quadripartite en 2005 (Amal-Hezbollah-PSP-courant du Futur) qui avait remporté la majorité des sièges avant de se défaire pour des raisons de divergences politiques…