Le président de l’Institut du monde arabe (IMA) achève ce 21 juin une visite de trois jours au Liban. L’ancien ministre de la culture de François Mitterrand est venu célébrer le 35e anniversaire de la Fête de la musique qu’il a créée en 1981. Au Liban, l’événement en est à sa 16e édition.
Vous célébrez cette année le 35e anniversaire de la Fête de la musique, quel regard portez vous sur cet événement que vous avez créé ?
L’événement est né presque par hasard entre deux portes en 1981. Et puis par un extraordinaire miracle, il a pris racine en France, dans chaque ville, chaque village. En tant qu’internationaliste, j’ai ensuite souhaité qu’il dépasse les frontières et fasse le tour de la planète. Cela a commencé d’abord en Europe puis s’est étendu au Moyen-Orient. Beyrouth est la première ville de l’Orient à s’être lancée dans l’aventure il y a 16 ans. Et nous sommes aujourd’hui présents de la Chine aux Etats-Unis, avec partout des amateurs, des groupes de personnes qui se disent et pourquoi ce ne serait pas moi qui jouerait ? Aujourd’hui, je n’arrive même pas à croire que des millions de gens réalisent eux-mêmes ce qui est devenu le plus grand festival de musique du monde.
Pourquoi être venu célébrer cet anniversaire au Liban ?
J’ai pu accomplir un rêve. Etre ici à Beyrouth pour le lancement de la Fête de la musique.
L’événement a pris racine à Beyrouth il y a 16 ans pour un moment fort de partage, d’échange de joie et de bonheur. Je souhaitais être là en tant que fondateur de cet événement et président de l’Institut du monde arabe (IMA). C’est un acte de reconnaissance à l’égard d’un pays que nous aimons. Un pays confronté à une actualité régionale parfois brutale. Beyrouth a été la première grande ville du monde arabe à épouser cet événement, à le faire sien. Devenu président de l’IMA, je souhaitais marquer la présence de la Fête de la musique dans le monde arabe et dans une ville et un pays qui incarnent cet idéal de liberté de culture, d’harmonie, et de créativité.
Quelle est la place du Liban au sein de l’Institut du monde arabe (IMA) que vous présidez ?
Au cours de ma visite au Liban, j’ai rencontré des artistes, des créateurs, des intellectuels. Cela m’a permis de dire ce qu’est l’IMA. Depuis trois ans que je préside l’IMA, nous avons essayé de redonner des couleurs à cet institut qui s’était un peu endormi. Le Liban a bénéficié d’une place importante. Nous allons prochainement accueillir un événement sur la création contemporaine libanaise ainsi qu’une exposition sur Etel Adnan. Nous préparons également une grande exposition sur les chrétiens d’Orient. Le Liban y jouera un rôle très important. Dans une époque marquée par les préjugés, la xénophobie, le fanatisme, avec des personnes qui veulent imposer leur loi, nous sommes là pour dire que la culture est une contre poison. L’IMA est un antidote qui contribue à faire reculer l’ignorance.
Comment le président de l’IMA que vous êtes observe-t-il aujourd’hui le Liban ?
On a tous en France une grande admiration pour le Liban. Un pays soumis à une guerre civile atroce qui a réussi à surmonter ses divisions et à maintenir une forme de coexistence pacifique. Même entouré d’ennemis, le Liban tient bon. Il y a dans l’exemple libanais, et à Beyrouth en particulier, une leçon de dignité, d’intelligence politique et de courage qui est un modèle dont peuvent s’inspirer d’autres pays. Ici à Beyrouth, on respire un air de liberté de tolérance, de respect, qu’on trouve rarement ailleurs. Beyrouth est un modèle, même s’il y a encore beaucoup à faire, le climat, l’atmosphère sont favorables à la liberté d’expression et à la créativité.
Consultez le programme de la Fête de la musique