Importance du vote des Libanais vivant à l’étranger
Si les passions partisanes et familiales au Liban sont exacerbées par les législatives qu’on a attendues neuf bonnes années au gré des auto-prorogations du parlement, le vote des Libanais vivant à l’étranger y ajoute plusieurs dimensions qui ne manqueront pas de faire couler de l’encre dans les semaines à venir.
Tout d’abord, il y a le doute ! Un doute entretenu par plusieurs partis qui ne pouvaient penser élections sans son cortège de pressions et d’intimidations et qui ont fait des mains et des pieds pour décourager les électeurs de s’inscrire. Motif : Si vous vous vous inscrivez pour voter à l’étranger et que la loi ne passe pas, votre nom sera quand même rayé des listes électorales au pays, et votre vote irrémédiablement perdu. Ceci explique le faible taux d’inscriptions tempéré quand même par un afflux trop fort durant les dernières heures de l’inscription.
Il y a eu ensuite les erreurs de listing qui ont privé des gens de leur vote ; certains parce qu’ils ont été inscrits dans des centres trop loin de chez eux, d’autres parce que privés de leurs droits civiques suite à une condamnation, ainsi que d’autres petits accrocs qui ont terni la joie de ceux qui votaient pour la première fois loin de chez eux.
Tout ceci ne diminue en rien l’importance stratégique de ce vote qui a eu lieu le vendredi dans les pays arabes et le dimanche dans les pays occidentaux : Il y a en effet cette affirmation que le Liban est capable, après de longues années de doute et de manque d’estime de soi, osons le dire, de faire en sorte que des élections aient lieu loin du paysage classique où l’électeur devait rallier son village d’origine (concept complètement incongru pour un occidental) pour pouvoir voter. Ceci augure une autre révolution, celle de voir des « méga-centres » de vote dans les grandes agglomérations autour de la capitale, accueillir les électeurs des villes et villages frontaliers pour y exercer leur droit. Ceci augmenterait de manière sensible la participation chrétienne aux élections législatives, chose que beaucoup de partis ne voient pas nécessairement d’un bon œil.
Il y a également l’obligation pour les prochaines élections d’attribuer des sièges au parlement aux circonscriptions de l’étranger. Ceci contribuera à ébranler les fondations d’un système de représentation basé sur les petits services de proximité et le chantage confessionnel. Il fera ceci en civilisant la propagande électorale et en l’amenant à répondre mieux à des besoins plus nobles si l’on peut ainsi dire.
Il y a enfin, et ne nous en cachons pas, cette envie libanaise de jouer les bons élèves dans les sociétés où ils se sont enracinés. Dans quelle mesure ce « bon exemple » influera le déroulement des élections à venir, le temps nous le dira.
Mais la vraie conclusion est qu’un parti patriotique, libre de toutes attaches régionales ou internationales, un parti financièrement pauvre, a su montrer le chemin que le Liban n’est pas le pays d’un peuple de corrompus, et que l’aspiration à bâtir une société meilleure, quoique puissent être les obstacles qu’il ne faudra pas sous-estimer, ce parti prévaudra et vaincra.