Le candidat à l’élection présidentielle française Jacques Cheminade s’est déplacé, vendredi 7 avril, au Liban, où il a notamment rencontré le président Michel Aoun, comme l’avaient fait avant lui ses concurrents dans la course à l’Elysée, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le candidat de Solidarité et Progrès, qui salue l’exemple libanais, milite pour le dialogue entre toutes les grandes puissances à propos de la question syrienne.
Que vous inspire le président Michel Aoun, que vous avez rencontré vendredi ?
Le général Aoun s’est battu, à un moment, contre le clan Assad, contre l’occupation syrienne du Liban – alors que la France a manifesté pour lui peu d’enthousiasme, et le maintenait dans un isolement injuste. Ce que dit, maintenant, le général Aoun, après s’être battu contre le régime syrien, c’est qu’il faut parler à tout le monde. Comme moi, il pense qu’il faut parler à tout le monde, même s’il faut se boucher le nez.
Michel Aoun est une grande référence du courage politique et de l’indépendance nationale. Il possède aussi une grande indépendance d’esprit. Il parvient à s’entendre même avec ceux qui ont été ses ennemis, pour créer le futur de son pays. C’est tout à fait exemplaire et je viens le voir pour ça, pour trouver auprès de lui une inspiration, et en même temps pour affirmer ma solidarité avec le Liban libre et avec les patriotes qui sont au-dessus des factions partisanes.
Vous avec condamné le bombardement, par les Etats-Unis, d’une base aérienne de l’armée syrienne, en réponse à l’usage de gaz contre les populations civiles de Khan Cheikhoun, imputé au régime de Bachar al-Assad. Pourquoi ?
Je pense qu’il faut une enquête internationale. On a entendu beaucoup de choses sur ce qu’il s’est passé à Khan Cheikhoun, mais les Nations unies doivent enquêter pour savoir exactement ce qu’il s’est passé. Dans le même temps, je dirai que ceux qui, dans notre gouvernement, donnent de grandes leçons de morale aujourd’hui, sont les mêmes que ceux qui ont organisé l’intervention en Libye, que ceux qui fournissent à l’Arabie saoudite les moyens de bombarder le Yémen… On n’a pas des leçons à donner.
La politique ce n’est pas faire le gentil par devant et jouer au cynique par derrière. La politique c’est ce que faisait De Gaulle, c’est-à-dire essayer par tous les moyens d’atteindre la détente, l’entente et la coopération. Il ne s’agit pas d’être moral ou sympathique avec tel ou tel, il s’agit d’avoir une politique étrangère réellement indépendante, et qui favorise la paix. Il faut une stabilisation de la région, par tous les moyens et avec l’intervention de tout le monde, et il faut une politique de reconstruction de la Syrie.
Je n’ai pas vu de propositions claires sur ce plan, tout comme je n’ai pas vu d’intervention humanitaire suffisamment organisée pour les réfugiés syriens qui se trouvent au Liban et pour les Libanais qui les accueillent. Les gens qui sont venus au Liban, comme Emmanuel Macron, comme Marine Le Pen, ont pensé à la Syrie, ont pensé aux immigrés. Mais de l’avis général, très peu au Liban. Moi je pense au Liban, et au Liban comme porte de la paix pour tout le Proche et Moyen-Orient.
Et quelle est la place de la France dans cette aide que vous voulez apporter au Liban ?
Il ne s’agit pas de suivre Poutine ou de suivre Trump, ou de suivre qui que ce soit. Il s’agit d’avoir une politique indépendante. Je ne suis pas venu voir Bachar al-Assad, comme Jean Lassalle l’a fait, par exemple. Je suis venu voir Michel Aoun pour lui demander : qu’est-ce que nous pouvons faire pour vous ?
Il m’a répondu : « Agir pour les réfugiés, et favoriser la paix pour reconstruire la Syrie. » En ce qui concerne le combat contre les jihadistes, prenons toutes les forces disponibles. Ensuite, c’est peuple syrien qui devra exprimer ce qu’il veut pour son avenir.
En attendant, pensez-vous que la France doit prendre exemple sur le Liban en accueillant des réfugiés ?
Non, nous ne sommes pas à côté d’un endroit où les gens partent. Mais je pense que la France doit créer les conditions économiques et politiques dans lesquelles il y a une volonté pour les gens de rester dans leur pays et de contribuer à leur développement. Je prône une relation constante avec ces pays. Je suis partisan de la création d’un ministère de la Coopération, du Codéveloppement et de l’Intégration – on pourrait dire « immigration », mais je préfère « intégration ».
Il faut prendre le problème qui concerne les migrants en France, et les migrants dans leur pays comme un tout, et qu’on ait une politique qui soit une vraie politique internationale, qui ne soit pas une politique « on leur refuse l’entrée » ou « on leur permet d’entrer ». Je crois que c’est un faux débat.