A 26 ans d’intervalle , l’Histoire retiendra qu’un Général Libanais visionnaire a perdu une bataille un 13 Octobre afin de mieux gagner la guerre et libérer un pays tout entier en étant élu pour présider à sa destinée un 31 Octobre…
13 Octobre 1990:
Suite à une série d’événements complexes dans l’échiquier géopolitique régional, Un mot d’ordre international fût décrété, abandonnant le Liban à un triste sort, en le livrant comme “trophée de guerre”.
Le Général Aoun, qui a très vite décodé la décision inéluctable, essaie alors d’empêcher dans la mesure du possible un effroyable bain de sang, et ordonne à ses courageuses troupes Libanaises de cesser le combat afin de préserver le Liban et ses institutions.
Du haut de mes 19 ans, je ne voulais et ne pouvais pas comprendre: je demeurais inconsolable, pleurant (tout comme des dizaines de milliers d’autres Libanais) durant de nombreuses heures, et faisant le deuil de ce que je croyais être la fin pour toujours du Liban auquel la majorité de la nouvelle génération d’alors aspirait.
Toujours en Octobre, mais quelque 7 années plus tard, je frappe timidement à la porte du Général Aoun à sa résidence d’exil à Paris avec une seule question en tête : “pourra-t-on un jour récupérer notre Liban, et voir notre pays enfin dirigé par le Président qu’il mérite ?”
D’heure en heure (notre face à face durera 3 heures captivantes, un “luxe” que je ne pourrai malheureusement plus avoir désormais que le Général est Président de la république Libanaise) le Général usera tantôt de témoignages vibrants, tantôt d’anecdotes pertinentes, maniant avec aisance des versets du Coran et de l’Evangile pour brosser très intelligemment une “certaine vision du Liban” (titre de son livre qui paraîtra plus tard).
Je ressortais transformé, optimiste et confiant, après avoir senti en lui cette force tranquille et déterminée à ne pas abandonner notre merveilleux pays.
La suite de l’Histoire donnera toutes les raisons à la vision du Général, même si nous avons du patienter encore 20 longues années de plus pour voir la “prophétie” se matérialiser au prix de maints sacrifices.
Le 31 Octobre 2016, des dizaines (voire des centaines) de milliers de Libanais vont à nouveau verser des larmes 26 ans plus tard, sauf que cette fois ce sera des larmes de pur bonheur, accompagnant leur rêve devenu réalité.
Entre le 13 Octobre et le 31 Octobre, l’Histoire retiendra qu’un Général a eu la capacité d’inverser sa tendance, non seulement en inversant ses deux chiffres (13 et 31) mais surtout en faisant preuve d’un exceptionnel leadership, d’une vision unique, de beaucoup de patience, courage et d’abnégation pour transformer ce qui fut initialement un cauchemar en rêve éveillé.
A ce Général qui a le pouvoir de dicter ainsi le cours de l’histoire, on ne peut que faire pleinement confiance.
Mon Général, Président Aoun, nous les Libanais vous remettons donc aujourd’hui les clefs de la république, afin que vous la sauvegardiez jalousement à votre tour et lui imprimez ce nouveau souffle prometteur auquel tous on aspire…
Rami Majzoub