Liban: des manifestants réclament la libération de plus d’un milier d’islamistes

Des proches de détenus islamistes incarcérés au Liban manifestent pour leur libération dans le cadre d'une amnistie générale le 6 avril 2018 à Beyrouth © ANWAR AMRO/AFP

Des dizaines de personnes ont manifesté vendredi à Beyrouth réclamant la libération de plus d’un millier de détenus islamistes dans le cadre d’une amnistie générale avant les premières législatives dans le pays depuis près d’une décennie.

Les manifestants se sont rassemblés devant la mosquée Mohamad al-Amine dans le centre-ville de Beyrouth juste après la prière du vendredi. Plusieurs d’entre eux sont venus de la ville majoritairement sunnite de Tripoli, la grande ville du nord du pays.

Des militants des droits de l’Homme ont longtemps appelé à des procès équitables pour les prisonniers accusés de liens avec des groupes extrémistes islamistes, dont beaucoup ont passé des années en prison sans aucun procès.

Le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, a affirmé le mois dernier qu’un projet de loi avait été préparé pour une amnistie générale, alors que les islamistes réclament la libération de tous les détenus sans exception.

Au cours de la manifestation à Beyrouth, le chef des oulémas musulmans à Tripoli, cheikh Salim al-Rafei a déclaré devant la foule qu’il avait pressé le Premier ministre Saad Hariri ainsi que des politiciens des différentes communautés religieuses libanaises de “décréter une amnistie générale avant les élections législatives”.

Selon lui, 1.300 islamistes sont incarcérés dans les prisons libanaises “alors que seule une poignée d’entre eux ont été accusés d’homicide”.

“Ils veulent pardonner aux trafiquants de drogue alors que nos enfants ne sont pas des terroristes”, a affirmé à l’AFP Iman al-Qar, une manifestante. “Honte à eux”, a ajouté la femme, originaire de Tripoli.

Une autre manifestante a appelé à ce que les détenus puissent bénéficier de leurs droits humains de base. “L’Etat devrait respecter les droits des citoyens quelles que soient leurs affiliations politiques, religieuses ou confessionnelles”, a-t-elle martelé.

Le Liban organise en mai son premier scrutin législatif depuis 2009, après que le Parlement a prolongé son propre mandat à trois reprises.

Tripoli a été secouée par des affrontements meurtriers impliquant des islamistes au fils des ans, notamment après le début du conflit syrien, dont la ville fut la principale caisse de résonance au Liban.

En 2011, des affrontements meurtriers ont ainsi éclaté entre les sunnites de la ville, partisans des rebelles anti-régime en Syrie, et les alaouites qui soutiennent le président Bachar al-Assad.

Et en 2007, l’armée libanaise avait lancé un assaut ayant fait des dizaines de morts contre des islamistes dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, au nord de Tripoli.

AFP