Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah s’est réjoui du changement de la situation en Syrie, grâce aux exploits enregistrés par l’armée syrienne et ses alliés sur le terrain.
S’exprimant lors de la cérémonie funéraire du cheikh Hussein Obeid, membre du conseil politique du Hezbollah, Sayed Nasrallah a rejeté les accusations mensongères de certains médias prétendant que le Hezbollah s’oppose au cessez-le-feu en Syrie.
Il a par ailleurs affiché son optimisme après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui a révélé la véritable face des Etats-Unis. « Ceci est indice de la victoire imminente des opprimés et des combattants dans le monde », a-t-il fait valoir.
S’agissant du Liban, Sayed Nasrallah a de nouveau affiché son soutien à la proportionnelle comme loi électorale, appelant à maintenir la stabilité sécuritaire et politique dans le pays, et à convaincre les réfugié syriens de rentrer chez eux.
Voici les idées essentielles de son discours:
« Que la paix de Dieu soit sur vous, sur le sceau des prophètes, sa famille, ses compagnons et sur tous les messagers de Dieu.
Nous sommes réunis une nouvelle fois pour cheikh Hussein Obeid. Cette fois, ce rassemblement se tient en raison de son décès. Nous éprouvons une grande tristesse pour la perte de ce cher ami. La mort est une vérité existentielle, une vérité coranique. Nous goûterons tous à la mort, c’est l’équation logique qui règne dans cette vie.
Nous assistons tous les jours à la mort d’un de nos chers, et pourtant, nous vivons comme si nous n’allons jamais mourir. La mort peut être due à plusieurs raisons: sanitaires, accidentelles ou autres. A travers cette loi, Dieu veut nous faire rappeler ce moment. Nous sommes-nous préparés pour notre départ éternel? Nous devons toujours nous poser cette question lorsqu’on nous annonce la mort de quelqu’un. Nous irons tous comparaitre devant la justice divine le Jour du Jugement dernier.
Quand nous mourrons, nous serons enterrés dans un trou et délaissés par tout le monde. Nous devons alors bien nous préparer pour cette nouvelle demeure. Nous devons apprivoiser notre âme pour trouver la félicité éternelle.
Cheikh Hussein Obeid était l’un des premiers éléments d’un petit groupe de gens pieux et croyants. Cheikh Obeid était l’un des premiers partisans de l’imam disparu Moussa Sadr, avant même la genèse du mouvement des déshérités et du mouvement Amal.
Il était compagnon de Sayed Mohammad Hussein Fadlallah et du cheikh Mohammad Mehdi Chamseddine. Il était l’un des fondateurs du Hezbollah, il a défendu le projet de la résistance jusqu’au dernier souffle. Il ne craignait ni les critiques ni les intimidations. Il se déplaçait d’un village à un autre dans la Békaa et d’un camp militaire de la résistance à un autre pour orienter les gens sur le chemin de la foi et de la clairvoyance, mais aussi pour régler les différends entre les gens.
Je le connais depuis que j’avais 18 ans. Ma première rencontre avec cheikh Obeid fut dans la demeure de Sayd Abbas Moussaoui. J’ai été attiré par sa personnalité, par son visage radieux.
Ensuite, notre relation sur la voie de la résistance s’est beaucoup renforcée. Il était tel un père, un guide qui nous inspirait sur le devenir de la résistance et ses exploits.
Cette résistance qui a consenti plein d’efforts a été créée par un groupe d’oulémas et d’élites, dont cheikh Obeid. En 1982, ce grand groupe a choisi neuf personnes par élections, pour former le comité institutionnel du Hezbollah. Ces neuf personnes étaient chargées de visiter l’Iran et de rencontrer l’imam Khomeiny, pour lui prêter allégeance, lui qui représentait l’espoir des opprimés dans le monde. De plus, ce groupe de commandants a voulu obtenir le permis religieux pour entamer l’action du jihad.
Nous, en tant que croyants, sommes obligés de recevoir la bénédiction de l’imam Khomeiny pour lancer l’acte de la résistance. Sachez que Dieu a réalisé les rêves des prophètes aux mains de l’imam Khomeiny.
L’une de ces neuf personnes était Sayed Abbas Moussaoui, et l’autre était cheikh Hussein Obeid. Donc, Cheikh Obeid avait l’honneur de contribuer à la genèse du Hezbollah. Il était toujours prêt au sacrifice, il n’a jamais aspiré à une quelconque récompense. Il considérait que toute sa vie est au service de la voie de cette résistance. Que Dieu ait pitié de l’âme de notre cher cheikh, et qu’il le place aux côtés de ses messagers.
Dans le reste du discours, je vais aborder quelques points en politique.
Je parlerai d’Israël, du Yémen, de la Palestine et de la conjoncture régionale et internationale jeudi prochain.
Je me contenterai aujourd’hui d’évoquer le dossier libanais et syrien.
Le Hezbollah soutient l’accalmie en Syrie
Sur la question syrienne, je voudrais dire que certains médias prétendent que le Hezbollah s’oppose au cessez-le-feu en Syrie conclu lors de la conférence d’Astana. En réalité, le Hezbollah soutient fortement tout cessez-le-feu en Syrie, parce que nous sommes pour l’adoption de toutes les mesures pouvant mettre fin au bain de sang en Syrie et donner une chance à la réconciliation.
Ces médias, et derrière eux les pays du Golfe qui les soutiennent, oeuvrent eux-mêmes pour saboter le cessez-le-feu en poursuivant l’aide aux groupes terroristes.
Ils nous accusent d’être opposés aux réconciliations dans toutes les régions syriennes. La vérité est tout à fait le contraire.
Nous sommes avec toute mesure d’accalmie. Nous tenons, à travers des pays influents dans la région et notre communication avec l’administration syrienne, à régler le problème de Kafariya et Fouaa, Zabadani et Madaya.
On nous accuse de chercher à provoquer des changements démographiques en Syrie. Ce ne sont que des mensonges. Que les missions internationales et arabes viennent voir sur le terrain en Syrie pour constater qu’il n’y a pas eu de changement démographique dans le pays.
Certains miliciens, inquiets de la progression de l’armée syrienne, prennent la décision personnelle de fuir vers d’autres régions. Ils rejettent le processus de la réconciliation. Le changement démographique stipule l’expulsion de la population pour installer d’autre dans ses demeures.
Ces pays et leurs médias n’ont plus d’autre choix que de nous accuser de provocations sectaires pour chercher un quelconque exploit.
Pour le retour des réfugiés en Syrie
Dans la plupart des villes syriennes, la vie est retournée à la normale. Aujourd’hui, nous devons passer à chercher des solutions à la crise des déplacés syriens, sans nous taxer de confessionnalisme. D’une part, les Libanais doivent traiter les Syriens d’une façon humaine, et de l’autre, nous ne devons aucunement exploiter leur présence pour des fins personnelles ou politiques.
Que doit-on faire dans ce cas? Attendre les aides internationales insuffisantes? La meilleure option est d’aider les réfugiés à regagner leur pays, notamment dans les régions sûres.
Nous devons convaincre ces réfugiés de rentrer chez eux et non pas de les obliger par la force. On va nous dire que ceux-ci craignent le retour en Syrie. Pourtant, l’Etat syrien est en train de se réconcilier avec ceux qui l’ont combattu pendant des années.
Le gouvernement libanais doit agir en ce sens, doit communiquer avec le gouvernement syrien pour trouver une issue à cette question cruciale. Il doit faire preuve de modestie. Des fois, on communique avec l’ennemi pour des raisons humaines, qu’il s’agisse d’un contact direct ou indirect.
Nous, au Hezbollah, sommes prêts à être au service du gouvernement libanais s’il décide de prendre en charge ce dossier avec responsabilité.
Les exploits à Alep ont changé la voie du conflit
Les exploits à Alep ont eu des résultats très importants. Parmi eux, on cite le début de contact avec des groupes rebelles sur le terrain, à l’exception de Daech et al-Nosra.
Cet exploit a pavé la voie au dialogue politique entre l’Etat syrien et certains groupes.
La situation en Syrie a radicalement changé. Il y a six ans, on complotait pour renverser le pouvoir en Syrie et pour permettre aux terroristes de contrôler le pays. Les groupes takfiristes sont aujourd’hui désespérés. Ils ne contrôlent que des zones désertiques.
Des pays qui soutenaient la guerre contre la Syrie ont également changé de cap. Parmi ces pays, la Turquie qui avait soutenu par tous les moyens Daech. Aujourd’hui, Daech mène des attentats terroristes dans les territoires turcs.
La position américaine, à travers la nouvelle administration de Trump, affirme clairement le rôle d’Obama et de Clinton dans le soutien aux terroristes. Trump affirme aussi qu’il combattra Daech.
Tout comme les Européens qui ont changé de politique et ont pris la décision de lutter contre le terrorisme qui les frappent partout. Il s’est avéré que l’opposition des hôtels n’a servi à rien.
Actuellement, les pays qui ont tant soutenu les terroristes, ont changé leur politique. Ils viennent après six ans à combattre les terroristes que nous avons combattus depuis six ans auparavant.
L’effort essentiel dans ce changement de la situation en Syrie revient au peuple syrien et au pouvoir syrien, à leur ténacité, à leur résistance. L’aide de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah est cruciale, mais le facteur primordial est la résistance du peuple syrien.
Soutien à la loi de la proportionnelle
Au Liban, nous jouissons d’une certaine stabilité politique et sécuritaire. La plus importante échéance politique au Liban est de mener les élections dans leur délai. Ceci provoque des débats sur la loi électorale. Nous, au Hezbollah, ainsi que le mouvement Amal, soutenons la proportionnelle. Nous sommes tous unanimes à trouver une loi juste qui assure une représentativité équitable à toutes les forces.
Dans le pays, plusieurs personnalités politiques représentent une importante frange populaire.
La loi électorale majoritaire est abolitionniste, alors que la proportionnelle donne à chaque force son véritable poids politique. Certains partis libanais ayant des partisans sur toute l’étendue du pays n’ont aucun député. La proportionnelle reflète la véritable représentativité des forces politiques.
Je dis aux druzes, au parti progressiste socialiste, et au parti du Futur que la proportionnelle ne vous bannit pas.
C’est la loi la plus équitable. Sachez que cette loi affecte encore notre représentativité dans certaines régions. Mais nous cherchons une loi juste. Ne perdez pas votre temps. Prenez le projet de loi de Mikati et venons en discuter.
Nous étions ouverts à toute loi électorale dans le passé, mais nous sommes engagés dans la loi de la proportionnelle. Nous sommes ouverts aux débats sur toute loi électorale convenable.
La stabilité sécuritaire: une grâce divine
Quant à la stabilité sécuritaire, nous en tant que Libanais, devons remercier Dieu pour cette grâce, qui est celle de la sécurité. Attachez-vous à cette grâce et ne la négligez pas.
Dans ce contexte, nous saluons les exploits du commandement de l’armée libanaise, des renseignements libanais, et de l’entente des forces politiques.
Je voudrais parler des incidents sécuritaires dans la Békaa. A chaque fois qu’un enlèvement a lieu, certains médias s’attellent à porter atteinte à la population de la Békaa, connue pour être partisane de la résistance.
Les élites et les chefs de tribus appellent l’Etat à prendre en main le dossier sécuritaire dans la Békaa, à condition que les services sécuritaires agissent en respectant ses limites. La population doit coopérer avec les services de sécurité.
Tout le monde est responsable de la sécurité du pays, ce n’est pas seulement le rôle de l’Etat. Nous devons alerter nos jeunes et leur parler.
L’Etat doit aussi jouer son rôle dans le secteur développemental.
Pas de nouveaux impôts
Au sujet du budget annuel, dont le gouvernement débattra la semaine prochaine… je voudrais dire franchement que le Hezbollah rejette toutes nouvelles taxes sur le peuple. Ce peuple dont plus que la moitié s’est appauvri. L’Etat peut prendre une décision politique courageuse pour freiner la corruption et le gaspillage de l’argent. Le peuple ne peut supporter de nouveaux impôts.
L’arrivée de Trump..un signe d’espoir
Dernier mot sur les allégations médiatiques comme quoi le Hezbollah craint l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Mais quelle est la nouveauté dans ce sujet? Ce qui est nouveau c’est qu’Obama couvrait sa véritable face en montrant un sourire hypocrite, tout en complotant contre l’Islam, à travers la création de Daech, et les guerres contre les peuples de la région.
Dans ce cas, nous remercions Trump parce qu’il nous montre la véritable image des Etats-Unis.
Mais prétendre que le Hezbollah a peur, je vous le confirme: cette accusation est révolue, c’est quelque chose du passé. Dans les années 80 du siècle dernier, on avait peur parce que nous étions un petit groupe sans moyens. Mais avec le temps, notre force a grandi nettement et l’imam Khomeiny avait promis aux neuf dirigeants précités du Hezbollah une victoire imminente.
Ni Georges Bush, ni ses parents, ni Obama et ses parents, ni Trump ni autre… ne peuvent entamer notre moral ni nous faire peur.
Bref, nous sommes optimistes face à la prise du pouvoir à Washington par un stupide comme Trump. Ceci est un indice de la prochaine victoire des opprimés du monde.
Je vous salue à la fin de ce discours et que la paix de Dieu soit sur vous