La France voudrait un Liban-rempart contre le terrorism et l immigration clandestine

 

La conférence annuelle des ambassadeurs de France, lundi 28 août, revêt une importance particulière cette année du fait que le président Emmanuel Macron s’adressera pour la première fois aux chefs des missions diplomatiques dans le monde. Une allocution qui devrait officialiser un virage en matière de politique étrangère appelé à renforcer les liens historiques, humains et économiques de la France avec le monde, avec une attention particulière pour deux zones particulièrement importantes pour l’Hexagone : le Maghreb et le « Levant-Golfe », espaces dont la stabilité, affirme un tout récent rapport de l’Institut Montaigne, est lié à l’avenir de la France tant ces deux mondes s’interpénètrent et s’influencent mutuellement.

Pour le Liban, deux événements majeurs marqueront cette rentrée politique française, à savoir, par ordre chronologique, les visites à Paris du chef du gouvernement, Saad Hariri, jeudi prochain, puis du président de la République, Michel Aoun, fin septembre. La première porterait sur des questions urgentes dont les combats contre Daech, le problème des réfugiés syriens et une coopération économique et culturelle accrue avec la France. Ces entretiens franco-libanais déborderaient largement ce cadre pour porter sur d’autres points que le président Michel Aoun abordera plus en détail avec Emmanuel Macron et les plus hautes instances françaises les 25, 26 et 27 septembre.

Du fait de la gravité des événements politiques et militaires dans la région Liban-Syrie-Irak, une région à laquelle Paris donne toujours le vocable de « Levant », une nouvelle orientation de la diplomatie française se fait déjà sentir à l’égard des guerres et conflits de la région. Comprendre la guerre contre le terrorisme à ses sources et le problème israélo-palestinien.

Ce qui porte à croire que les rencontres Aoun-Macron clarifieront la position française à l’égard du Liban et de la Syrie. Séparément, puisque l’Élysée a déjà critiqué la ligne suivie par François Hollande qui n’a, selon un proche du nouveau président français, « non seulement rien donné en Syrie, mais a contribué au renforcement du terrorisme qui menace aujourd’hui le monde entier, et en premier lieu la France et l’Europe ».

 

 

Le président Aoun ne devrait pas manquer de souligner, lors de ses entretiens avec son hôte français, qu’il avait mis en garde depuis une trentaine d’années contre un intégrisme islamique qui prendrait une forme violente et menacerait non seulement le monde musulman mais aussi l’Europe.

Parallèlement, un reproche « à titre très amical », ajoute ce familier de l’Élysée, pourrait être fait à Emmanuel Macron pour la tiédeur et la lenteur de son soutien à l’armée libanaise qui mène, en première ligne, une guerre contre le dernier carré du terrorisme à la frontière nord-est du Liban. Au plan militaire, ces entretiens franco-libanais pourraient aboutir à un net renforcement et à la concrétisation de l’aide à l’armée libanaise et éventuellement une promesse d’Emmanuel Macron de renflouer le « Donas », ce plan d’aide militaire saoudien de 4 milliards de dollars avec du matériel français, actuellement gelé par Riyad.

Politiquement, un ancien parlementaire socialiste a reconnu que l’intérêt de la France à l’égard du Liban s’était atténué, notamment lorsque la tandem Hollande-Fabius était aux affaires, et que l’on pourrait s’attendre non seulement à un net revirement visant à faire du Liban un véritable bastion franco-européen capable d’être un rempart géographique et politique contre les deux menaces pour le monde occidental : le terrorisme et les flux migratoires.

Paris :de EliE MASBOUNJI