Le penseur libanais à la renommée internationale Dr. Georges Corm a dans une analyse de la conjoncture libanaise assuré que « le Liban est plus “saoudisé” que “hezbollahisé” ».
Dans un entretien accordé au site français L’OBS-Temps réels, il s’est refusé une fois de plus à expliquer les conflits régionaux par la division entre sunnite et chiites, dont entre autre au Liban.
« Au Liban, la division est entre le Courant du futur dans le sillage de l’Arabie Saoudite (14 mars) et le Hezbollah et ses alliés du 8 mars. Il faut savoir que le Liban est plus « saoudisé » que « hezbollahisé », notamment dans l’appareil d’Etat et les administrations. Il n’y a jamais eu plus de deux ministres Hezbollah au gouvernement et ils n’ont pas tenu de grand ministère, et, à ma connaissance, il n’y a pas de directeurs généraux ou de hauts fonctionnaires qui appartiennent à ce parti », a-t-il expliqué.
Il a de même indiqué que le jihadistes takfiristes libanais qui rejoignent les rangs des milices Daesh et le front al-Nosra en Syrie étaient recrutés dans les milieux pauvres sunnites, notamment dans certains quartiers de la ville nordique de Tripoli, « et ce malgré la fortune des milliardaires libanais dont plusieurs appartiennent à la communauté sunnite et ont occupé la fonction de premier ministre ou des ministères importants ».
« De plus, dans la mesure où l’Etat libanais est sous l’emprise saoudienne, on ne donne pas les moyens à l’armée libanaise de combattre toutes les infiltrations terroristes de Al-Nosra ou Daesh dans la plaine de la Békaa », déplore-t-il.
Selon lui, la couverture médiatique internationale de la situation au Liban, et atteinte d’ “une paralysie totale de la réflexion”.
« Pour les médias internationaux, dans chaque situation de conflit, il doit y avoir des « bons », les alliés de la politique occidentale et saoudienne, et des « méchants », des chiites supposés être tous pro-iraniens », a-t-il fustigé.
Sur la vacance présidentielle qui persiste depuis 2015, Dr. Corm l’impute à une opposition entre deux camps historiques : « la coalition du 14 mars sous très haute influence saoudienne et occidentale et, d’autre part, le Hezbollah et ses alliés de la coalition du 8 mars, qui se situent dans le sillage de l’axe syro-iranien et russe, opposé à celui de l’Otan et de ses alliés parmi les pays arabes ».
Il l’incombe aussi à une volonté régionale et internationale qui refuse la candidature du chef du Courant Patriotique libre le général Misch Aoun, quoiqu’il détienne la plus importante assise maronite.
« Les Saoudiens et les Occidentaux ne veulent pas du général Aoun, alors que le Hezbollah soutient sa candidature. L’homme a une forte personnalité et n’est pas inféodé à des puissances extérieures, or c’est une tradition de ne pas vouloir d’un président fort au Liban », a-t-il souligné.