Aoun réitère son refus de la prorogation

Le président de la République, Michel Aoun, a réitéré hier son refus de la prorogation du mandat de la Chambre, affirmant qu’il est possible d’élaborer une loi électorale avant le 20 juin et que même passé cette date, il n’y aura pas de vide législatif.

« Ce Parlement ne s’autoprorogera pas et il est inadmissible qu’il s’autoproroge, même si c’est pour une minute », a martelé M. Aoun devant une délégation de la commission de décentralisation au sein de l’ordre des avocats, menée par le bâtonnier Antonio Hachem. « Au lieu d’œuvrer ensemble pour la lutte contre la corruption, nous nous querellons autour de la loi électorale », a déploré le chef de l’État, mettant l’accent sur « la gravité de la situation si elle venait à perdurer ». « Ne pouvons-nous parvenir à légiférer de façon unifiée lorsqu’il s’agit de questions essentielles ? » s’est-il demandé, affirmant qu’il est « pour toute loi qui respecte la vraie représentativité ».
Et M. Aoun de s’interroger encore : « La génération montante et le peuple dans son ensemble ont-ils été incités à prendre conscience du droit à la différence pour qu’ils réalisent que les droits nationaux appartiennent à tous ? Que chacun sorte de son carcan confessionnel afin qu’il puisse prendre en compte les valeurs de compétence et de probité. »

« Certains évoquent leur spécificité confessionnelle », a-t-il noté dans ce cadre, estimant que « tout autre a aussi ses propres spécificités ». « Nous vivons ensemble », a-t-il indiqué, mettant en garde contre « toute tentative d’une partie de dominer l’autre et de la priver de ses droits ». Cette tendance, a déploré le président Aoun, « s’exprime notamment par la volonté de spolier les droits du peuple libanais en le privant de son droit électoral, dans une mauvaise atmosphère politique ». « Or si les Libanais venaient à être dépouillés de ce droit d’élire leurs représentants au Parlement, le régime politique se convertirait en un régime dictatorial », a-t-il poursuivi, jugeant que « la prorogation indéfinie est aussi un retournement indéfini contre le peuple ».

« La prorogation ne doit pas avoir lieu parce qu’elle détruirait le pays », a encore averti le chef de l’État, mettant en garde « quiconque prétexterait la proximité de la date d’expiration du mandat parlementaire pour anticiper les choses ». « Même si nous arrivons au 20 juin, il n’y aura pas de vide institutionnel », a-t-il assuré.

Le chef de l’État avait débuté sa journée en accordant audience à une délégation de la commission des libertés au sein de l’Union des journalistes arabes, en présence du chef de l’ordre des rédacteurs de la presse, Élias Aoun.

Bassil

Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a lui aussi réitéré hier son refus de la prorogation et sa volonté de parvenir à une nouvelle loi électorale.

« Non à la prorogation, non au vide et non à la loi de 1960. Nous voulons adopter une nouvelle loi électorale », a déclaré M. Bassil, à l’issue de la réunion hebdomadaire du bloc du Changement et de la Réforme.

« La prorogation du mandat de la Chambre des députés est une arme pointée sur la tête des Libanais, a affirmé M. Bassil. Il faut enlever cette arme pour que nous puissions réellement discuter d’une réforme électorale. » « Celui qui invoque la prorogation est en train de se réserver une porte de sortie pour ne pas avoir à adopter une nouvelle loi électorale », a-t-il ajouté.

« À chaque fois que nous nous approchons de l’adoption d’une nouvelle loi électorale, deux discours apparaissent : le premier est celui qu’on tient lors des débats et le second dans les médias », a déploré M. Bassil.

Selon lui, « les usages veulent qu’on vote à la Chambre, en commençant par la proposition dite orthodoxe, qui serait rejetée, et ensuite les autres textes ». « Nous sommes face à un moment crucial et porter atteinte au pacte national est impardonnable », a lancé M. Bassil.