Une troisième personne, dont l’identité n’a pas été révélée, est également poursuivie.
Des poursuites ont été requises vendredi par le Tribunal militaire contre l’ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein de la police libanaise, Suzanne el-Hajj, et le pirate informatique E. Gh. pour fabrication de fausses preuves contre le dramaturge Ziad Itani, accusé de collaboration avec Israël. Ils sont également poursuivis pour “cyberattaques et piratage visant des sites de ministères, d’institutions sécuritaires et de banques libanaises, de sites d’information et d’autres sites, au Liban et à l’étranger”.
Cette décision a été annoncée à l’issue d’une réunion qui a groupé le procureur général Samir Hammoud (qui avait placé mercredi Mme el-Hajj et le pirate en état d’arrestation), le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire, le juge Peter Germanos, et son assistant, le juge Hani Hajjar. Une troisième personne, dont l’identité n’a pas été révélée, est également poursuivie.
Le dossier devrait être transféré au premier juge d’instruction Riad Abou Ghida, qui décidera éventuellement de la relaxe de M. Itani qui se trouve toujours en détention. Les avocats de M. Itani, Saliba el-Hajj et Rami Itani, ont dans ce cadre annoncé “attendre le transfert du dossier devant le premier juge d’instruction qui doit étudier la demande de libération” du comédien “sur base des derniers développements, notamment les poursuites engagées contre certaines personnes”. Ils ont précisé que ce transfert doit avoir lieu début de semaine prochaine.
Les avocats ont par ailleurs appelé à “ne publier aucun communiqué relatif à M. Itani qui ne soit objectif ou fondé sur des bases juridiques”, notamment en ce qui concerne les procédures d’instruction et judiciaires, “sans qu’ils n’en soient avertis”.
Plus tôt dans la journée, l’avocat de Suzanne el-Hajj, Marwan Daher, avait de son côté déposé une demande de remise en liberté de sa cliente auprès du juge Germanos, estimant que la durée de détention de Mme el-Hajj a dépassé le délai de 96 heures prévu par la loi. “Il n’y a pas de mandat d’arrêt contre ma cliente”, avait-il déclaré à la chaîne locale LBCI.
Jeudi, tous les documents relatifs à l’enquête sur cette affaire avaient été remis au Tribunal militaire, en charge de mener les procédures judiciaires afférentes à ce dossier. Peter Germanos avait réceptionné ces documents et les a transmis à son assistant, le juge Hajjar, chargé de les étudier et de prendre les décisions adéquates.
L’ancienne directrice au sein des Forces de sécurité intérieure est soupçonnée d’avoir “utilisé les services du pirate informatique pour fabriquer des conversations afin de faire accuser Ziad Itani d’avoir pris contact avec une jeune israélienne”. Le pirate, E. Gh., serait passé aux aveux et aurait reconnu avoir agi à la demande de Mme el-Hajj et confirmé les accusations portées contre lui.
Suzanne el-Hajj avait perdu son poste à la suite du retweet d’un message ironique sur les femmes en Arabie saoudite. Un certain Ziad Itani avait diffusé la capture d’écran de son retweet et, selon les informations qui ont fuité durant le week-end dernier, la fonctionnaire aurait monté l’affaire pour se venger, mais se serait trompée de victime en raison de l’homonymie.