Un projet de loi a bien été rédigé pour éliminer l’article 522 du Code pénal libanais qui permet à un violeur de s’en sortir libre comme l’air… s’il épouse sa victime. Reste maintenant à faire voter l’amendement de la loi.
L’association ABAAD poursuit ses efforts en ce sens, dans le droit-fil de la campagne qu’elle a lancée il y a quelques mois, et qui a fortement contribué à sensibiliser les Libanais à ce sujet, pour aboutir au projet de loi que l’on sait. Le samedi 22 avril à 11h00, une installation artistique a ainsi eu lieu à Ain el Mraysseh à Beyrouth: 31 robes de mariée en papier ont été suspendues à ce qui ressemble fortement à des potences. Trente-et-une robes, pour symboliser les 31 jours de chaque mois où des femmes sont obligées d’épouser leur violeur, ce qui pour elles, déjà victimes, résonne comme une condamnation à mort.
Ghida Anani, fondatrice et directrice d’ABAAD, explique : “Nous sommes ici aujourd’hui pour souligner l’importance pour le Parlement d’approuver la proposition d’abolir l’article 522. Nous avons envoyé des invitations à tous les députés avec ce message: tout vote ‘OUI’ est un ‘NON’ à un violeur avant qu’il ne commette son crime”. L’installation a été réalisée par l’artiste de Mireille Honein, qui a choisi de soutenir cette campagne intitulée “Undress 522” (« déshabillez le 522 »). Le travail de Mirelle Honein, artiste mondialement connue, est dédié à la lutte pour des valeurs de différence, d’échange, de dignité et de choix. Sur la base de son engagement envers les femmes, elle a ainsi créé plusieurs sculptures et installations, y compris son travail actuel pour l’abrogation de l’article 522. Son œuvre sur le thème des femmes et du corps a été sélectionné pour l’exposition « Women in Art » qui se tiendra à la “Muse de France” en 2019.
Le ministre d’État aux affaires féminines, Jean Oghassabian, qui était présent pour l’installation, a souligné à cette occasion la nécessité de voter immédiatement pour l’abolition de la loi. La mise en scène a également reçu une réponse très positive de la part des passants, qui ont affiché leur soutien en signant la pétition anti 522 que leur présentaient les bénévoles mobilisés pour l’occasion.