En fournissant des systèmes S-300 à Damas suite au crash de l’Il-20, la Russie a pu contenir «l’arrogance» d’Israël, qui ces derniers temps était devenu incontrôlable à en juger ses actions en Syrie, écrit le chroniqueur Gideon Levy pour Haaretz.
Pour la première fois depuis longtemps, une autre puissance a pu imposer des limites à l’«arrogance» d’Israël et lui montrer que les États-Unis ne pourront pas toujours le défendre, a commenté l’auteur Gideon Levy pour Haaretz suite à la décision de la Russie de livrer des systèmes S-300 à la Syrie.
Selon le chroniqueur, Israël a absolument besoin que l’on lui fixe de telles limites, car la situation géopolitique lui avait permis de prendre ses aises ces derniers temps, à «commencer par patrouiller le ciel au-dessus du Liban comme s’il était le sien, jusqu’à bombarder la Syrie comme si c’était la bande de Gaza».
«Enfin quelqu’un n’a pas pu le supporter et a dit: “assez”! Au moins en Syrie cela ne continuera plus. Merci à toi, mère Russie d’avoir pu maîtriser cet enfant qui a dépassé les bornes et que l’on n’avait pas remis à sa place depuis longtemps», écrit-il.
M. Levy a également souligné que la réaction de Moscou au crash de l’Il-20 avait mis Tel Aviv dans un «état de stupeur», et que les voix des fonctionnaires qui manifestaient à l’époque leur «fanfaronnade» face à l’éventuelle livraison de S-300 à Damas ne se font presque plus entendre.
«La Russie a démontré au monde entier la façon dont il faut traiter Israël, en utilisant pour cela un langage que ce dernier peut comprendre», poursuit le journaliste.
Seulement, la perspective d’une punition et d’une réponse dure oblige désormais Israël à agir correctement dans la région. Désormais les militaires israéliens devront peser le pour et le contre avant d’effectuer en Syrie des bombardements dont «l’importance, si elle existe, n’est pas toujours claire», conclu M. Levy.
Pour rappel, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou avait annoncé ce lundi que l’armée syrienne recevrait des batteries anti-aériennes S-300 d’ici deux semaines. Cette déclaration fait suite à la destruction par erreur d’un Il-20 de l’armée russe au-dessus de la Méditerranée par la défense antiaérienne syrienne dans le cadre d’un raid aérien israélien, Moscou ayant accusé l’aviation de l’État hébreu d’avoir provoqué le tir ayant touché l’appareil russe.
Le ministre avait également rappelé que la livraison de systèmes S-300 à Damas, décidée en 2010, avait été retardée à la demande d’Israël, mais que la situation avait désormais changé et «pas par notre faute», avait-il précisé. Aujourd’hui, des S-300 commandés par les Russes sont déjà implantés autour de la base navale de Tartous, tandis que des S-400, plus modernes, sont déployés sur la base aérienne de Hmeimim.