La crise syrienne a débuté en 2011 dans le prolongement des « printemps arabes » qui soulevèrent des populations stimulées et appuyées par des ONG occidentales contre des régimes arabes laïcs et centralisateurs. Un contexte de troubles voire de guerres civiles est alors né dans la majeure partie des pays concernés (Syrie, Libye, Tunisie, Yémen, Bahreïn, Egypte). Toutefois, la crise syrienne est devenue du fait de sa situation géographique, un point de tension incomparable dans le monde. Au fur et à mesure de l’élargissement du conflit, le cercle des Etats étrangers à cette guerre s’est restreint et l’enchevêtrement de causes et d’effets complexes (géographiques, militaires, économiques, énergétiques, religieux) a rendu la crise mondiale.
La Syrie fixe en un abcès les intérêts de la plupart des acteurs régionaux mais aussi des puissances mondiales au premier rang duquel l’état profond occidental, confronté à la volonté de la Russie de ne pas céder ce pivot du monde à ses adversaires géopolitiques. Ainsi, les conditions d’une confrontation militaire entre les Etats-Unis et la Russie devient de plus en plus vraisemblable et pourrait déboucher sur un conflit international aux conséquences cataclysmiques.
L’intensification ces dernières semaines des tensions avec les déclarations sidérantes des acteurs politiques et militaires occidentaux ne laisse pas d’inquiéter, en effet, le contexte politique intérieur américain n’étant pas favorable à l’apaisement. Si Barack Obama et John Kerry (l’État officiel américain) semblent moins pressés de jouer les va-t-en-guerre à quelques mois de la fin de leur mandat, le complexe médiatico-militaro-financier (l’État profond occidental) accentue la pression pour préparer un climat de tension favorable à la guerre. Un contexte qui pourrait bien favoriser des décisions rapides, une fois l’incertitude de la présidentielle levée et Hillary Clinton élue et en fonction au plus tard le 21 janvier 2017.
Toutefois, ces positions ne recueillent pas, et de loin, l’adhésion des populations et il faudra des opérations médiatiques plus efficaces que le conditionnement de fond de ces dernières années pour faire admettre aux opinions publiques occidentales une escalade guerrière, dont on perçoit qu’elle pourrait nous mener aux portes d’une nouvelle guerre mondiale.
Les Etats et intérêts qui utilisent depuis des années les Médias de Masse (MSM) pour préparer ou retourner les opinions publiques (armes chimiques, couveuses koweitiennes, etc.) en faveur de politiques indéfendables (tant sur le plan stratégique qu’humanitaire, économique ou migratoire) seront donc probablement tentés d’user de méthodes de PsyOps (Opérations Psychologiques) pour faire basculer les mentalités et l’adhésion, même artificielle et même temporaire, à une confrontation militaire directe contre la Russie dans la région. Il en faudra beaucoup pour emporter cet accord des populations, qui perçoivent de plus en plus mal les objectifs d’intérêts collectifs dans les politiques menées par les dirigeants.
La guerre n’est pas certaine mais la convergence des intérêts électoraux et stratégiques de l’Etat profond occidental rend malheureusement probable un dérapage rapide. On imagine par exemple que des organisations comme celles des casques blancs (White Helmets), appuyés par des staffs de communicants (dans le genre de Bell Pottinger, voir Centurie News N°5) pour la superproduction d’un « massacre » de populations civiles sous faux drapeaux pourrait déclencher une campagne d’hystérie collective qui favoriserait une entrée en guerre et une radicalisation anti-russe de l’opinion publique américaine et européenne.
Evidemment, une affaire rapide, touchant encore plus directement des ressortissants américains ou européens serait « idéale »… Un coup de billard à deux bandes qui permettrait de noyer les révélations contre Hillary Clinton (Comme celles de Wikileaks, désormais qualifiées systématiquement de propagande russe par les MSM) et d’affaiblir encore d’avantage Donald Trump.
Mais il est plus probable que les faucons attendront, s’ils peuvent réussir à bloquer, d’ici-là, les avancées diplomatiques et militaires de la Russie et de l’armée gouvernementale syrienne. Entre-temps, il faudra chauffer à blanc les opinions publiques et pour ce faire, le pire est possible.
Ces campagnes de sidération guerrières peuvent encore parfaitement fonctionner, même si elles épuisent progressivement leurs capacités à emporter l’adhésion. En effet, avec le climat lourd de menaces de ces prochaines semaines, une nouvelle campagne d’hystérie collective augmenterait à coup sûr la résilience des populations occidentales au contrôle médiatique dans la mesure où jamais plus qu’aujourd’hui, cette politique de déstabilisation n’est parue moins rationnelle et plus dangereuse. Si ce n’est pas un argument susceptible d’influencer les desseins court-termistes des fauteurs de guerre, un nouveau matraquage guerrier pourrait, un temps plus loin, avoir des effets sur la stabilité sociale des sociétés occidentales.
En effet, le rapprochement dans le temps des campagnes de désinformation en soutien à des politiques internationales qui fabriquent des guerres, des migrations et de l’extrémisme accélère, tel un vaccin, l’immunisation médiatique des populations. La montée d’audience de médias alternatifs, l’augmentation rapide de la viralité des contre-informateurs et la lassitude critique de l’opinion publique à l’égard des MSM n’en sont que d’autres stigmates. De plus, dans la mesure où le dispositif médiatique est le principal outil de contrôle social des sociétés occidentales et que celles-ci sont en proie à des tensions internes de plus en plus importantes, l’épuisement de l’efficacité des MSM dans le travail de contrôle des tensions à l’intérieur des populations, fait courir un risque systémique lourd. La dégradation brutale de la crédibilité des MSM dans l’opinion publique aux Etats-Unis ces derniers mois en fournissent un exemple intéressant (voir Centurie News 3 et 4). En perdant en crédibilité, le système médiatique dit mainstream, perd en capacité d’influence sur la stabilité sociale. Cette perte d’influence pourrait devenir critique à l’occasion d’un conflit social de faible intensité mais qui pourrait s’envenimer. Un scénario de plus en plus envisageable dans des pays occidentaux déstabilisés par le multiculturalisme et la crise économique.
Pour en revenir à la Syrie et aux connexions avec la campagne présidentielle américaine, les révélations désormais presque quotidiennes sur les implications de l’Arabie Saoudite non seulement dans les attentats du 11 septembre mais dans le financement d’ISIS (DAECH) en font (avec le Qatar) le maillon faible de la chaine d’influence des Etats-Unis dans la région. La surexposition du Qatar mais plus encore de l’Arabie Saoudite pourrait bien contraindre ces pays à un désengagement ou à des concessions dans d’autres domaines (la gestion des cours du pétrole pare exemple) ou finir par les déstabiliser dans les mois à venir.
Les intérêts complexes des acteurs du monde dans cette région, rendent apparemment insolubles, une solution mono-diplomatique . Il est donc à prévoir que les acteurs qui disposeront de la supériorité militaire sur le terrain et du pragmatisme nécessaire pour nouer des alliances permettant à d’autres parties de se rallier à leurs objectifs, finiront par l’emporter. C’est visiblement la Russie qui semble engagée sur ce terrain. Seul une politique irrationnelle au potentiel destructeur considérable est susceptible de modifier cette anticipation.Pour comprendre si nous courrons ce risque, il faudra, par-delà le contexte évoqué dans cet article, comprendre ce qui pourrait, apparemment contre toute logique, pousser l’État profond occidental à fabriquer de toute pièce une nouvelle guerre mondiale. Qui fera taire les sirènes du chaos