Le ministre sortant de l’Énergie a indiqué que le troisième navire-centrale dépêché par Karadeniz n’avait pas encore pu accoster à Jiyeh à cause de la météo. Il a également révélé les derniers développements concernant le parc éolien qui doit être construit dans le Akkar.
Le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, César Abi Khalil, a fait le point lors d’une conférence de presse au ministère aujourd’hui sur le dossier du nouveau navire-centrale, loué gratuitement à l’opérateur turc Karadeniz, le Esra Sulta.
Apparu dimanche au large des côtes de Jiyeh (sud du Mont-Liban), le bâtiment doit déployer 200 mégawatts (MW) de plus – soit deux heures de courant supplémentaires – sur le réseau d’Électricité du Liban (EDL) pendant trois mois sans frais supplémentaires – hors carburant – pour l’établissement public, selon le ministre. Ce dernier a en outre affirmé que la barge restera en service jusqu’au 16 octobre maximum.
L’arrivée de cette barge a été négociée dans le cadre de la prolongation pour trois ans de plus de la location de deux navires mis en place en 2013 par le même opérateur : le Fatmagül Sultan à Zouk et Orhan Bey à Jiyeh, pour un total de 370 MW. Approuvée lors du dernier Conseil des ministres du gouvernement sortant, le 21 mai, il s’agit de la deuxième prolongation de ce contrat, après une première extension de deux ans négociée en 2016.
Nouvelle baisse du prix du kWh
Le ministre, qui avait indiqué avoir obtenu que Karadeniz baisse le prix de production par kilowattheure (kWh) payé par EDL, hors mazout, de 5,85 à 4,95 centimes de dollars, a précisé qu’il avait mené de nouvelles négociations pour baisser davantage ce tarif, à 4,90 centimes de dollars. « En comptant le navire-centrale mis en service sans frais, cela fait passer le prix du kWh à 4,20 centimes », a assuré M. Abi Khalil, sans communiquer plus de détails sur les sommes engagées sur l’ensemble de la durée du contrat.Le ministre a également expliqué que la barge n’avait toujours pas pu accoster à Jiyeh en raison des conditions météorologiques. « Suite à un vent fort de 15 nœuds (près de 28 km/h), l’accostage a été jugé dangereux et la barge, qui est remorquée, s’est stationnée au large », a-t-il noté, rejetant les « rumeurs » selon lesquelles des élus locaux auraient refusé de voir le navire-centrale rejoindre le Orhan Bey sur le site de la centrale de Jiyeh. Une version qui contredit les informations relayées par la LBCI en cours de journée affirmant que le Premier ministre désigné, Saad Hariri (chef du courant du Futur), avait assuré que les députés Walid Joumblatt (élu dans le Chouf et chef du Parti socialiste progressiste – PSP) et Waël Abou Faour (Hasbaya – PSP), s’étaient engagés à « faciliter le processus concernant la barge de Jiyeh ». Plus tard dans la journée, l’agence al-Markaziya assurait que la barge s’était vue refuser le droit d’accoster « faute d’autorisation ». Dimanche, la municipalité et les habitants de Jiyeh avaient martelé, dans un communiqué, qu’ils ne permettraient pas à la barge d’être mise en service dans leur localité, évoquant son impact sur l’environnement. Un « risque de pollution » évoqué par Walid Joumblatt dans un tweet en fin de journée dans lequel le député a déclaré qu’il ne fallait pas que la mise en service d’un nouveau navire-centrale écarte la nécessité de construire une nouvelle centrale à Jiyeh.
M. Abi Khalil a en outre révélé que le choix de Jiyeh était un des trois possibles pour accueillir la centrale flottante. « Nous pouvions la brancher à Zahrani dans le Sud, où il y a d’importants problèmes de rationnement, mais cela aurait nécessité trois semaines de travaux d’aménagement. Il était aussi possible de la faire accoster à Zouk, mais, dans ce cas, la capacité supplémentaire aurait seulement bénéficié aux habitants du Kesrouan, ainsi que d’une partie du Metn et de Jbeil », a expliqué le ministre.
La question des navires-centrales au Liban fait l’objet de nombreuses polémiques depuis le déploiement, en 2013, des deux premières barges qui devaient combler temporairement le déficit de production d’EDL, dont les moyens ne lui permettent d’assurer que deux tiers des besoins du pays, qui gravitent autour de 3 000 MW. Le dernier épisode avait opposé le vice-président du Conseil et ministre de la Santé, Ghassan Hasbani (Forces libanaises), à M. Abi Khalil (Courant patriotique libre), concernant les modalités de la prolongation de la location des barges déjà déployées au Liban.
Énergie éolienne
Le ministre de l’Énergie a également profité de la conférence de presse pour saluer le « succès » du lancement du projet de construction d’un parc éolien de 200 MW dans le Akkar. Le contrat avait été signé au début de l’année entre le ministère et trois opérateurs privés, Hawa Akkar SAL, Lebanon Wind Power SAL et Sustainable Akkar, pour un marché public estimé à 350 millions de dollars. Une fois le parc construit – d’ici à moins de 36 mois selon le ministre –, les trois sociétés doivent revendre l’électricité produite à EDL pendant 20 ans. « Le contrat signé le 1er février fixait le prix du kWh à 10,75 centimes de dollars. À la demande de nos partenaires internationaux, le ministère a entamé en mai de nouvelles négociations avec les sociétés, EDL et le Centre libanais pour la conservation de l’énergie (LCEC) pour baisser ce prix, pour finalement arriver vendredi dernier à le fixer à 10,45 centimes de dollars le kWh lors des trois premières années, puis 9,6 centimes les 17 années restantes », a exposé le ministre. « C’est la première fois que nous finalisons un programme d’énergie renouvelable qui n’aura pas besoin d’être subventionné », s’est-il réjoui.
Le projet de parc éolien s’inscrit dans le cadre du projet du gouvernement de porter la part des énergies renouvelables à 12 % de la demande d’électricité d’ici à 2020, pour un investissement de base estimé à 1,7 milliard de dollars. Actuellement, leur part atteint près de 7 % de la consommation totale d’énergie au Liban. S’agissant de l’énergie éolienne, le ministère a reçu en mai dernier 42 manifestations d’intérêt pour la production de 300 MW dans plusieurs parcs répartis entre le Akkar, le Mont-Liban, la Békaa et le Liban-Sud.