Alors que se tient à Genève, depuis le 11 septembre et jusqu’au 15, la Conférence des États signataires du traité sur le commerce des armes, la revue en ligne Orient XXI rapporte, dans un article intitulé « Comment la France participe à la guerre contre le Yémen », que « le gouvernement français serait passé par un contrat destiné au Liban pour préparer la guerre au Yémen et accélérer ses livraisons d’armes au plus fort du conflit».
Orient XXI, dans cet article signé par Warda Mohamed et Tony Fortin, précise s’être appuyé sur des « informations inédites de l’Observatoire des armements » qui lui ont été transmises. Des « informations » qui indiquent que « la France et l’Arabie saoudite auraient détourné un contrat destiné au Liban pour préparer la guerre au Yémen ».
Après avoir rappelé qu’ « en 2016, environ 50 % des prises de commande enregistrées par la France concernaient les pays du Proche-Orient » et que Riyad est le premier client, en équipements militaires, de Paris, Orient XXI liste les équipements militaires français envoyés à l’Arabie saoudite. « En 2016, la France a livré 276 blindés légers, indique son propre rapport rendu en juillet 2017 au secrétariat du Traité sur le commerce des armes (TCA). Ce lot serait composé en grande partie de blindés légers Renault Sherpa light et Vab Mark 3 du groupe Renault Trucks Defense originellement destinés au Liban », rapporte Orient XXI, citant des « sources».
Orient XXI fait ainsi référence à l’accord Donas (Don Arabie saoudite) conclu fin 2014 entre Paris et Riyad. Cet accord prévoyait l’envoi d’armes françaises au Liban, pour un montant de 2 milliards de dollars, qui serait facturé à l’Arabie saoudite. Ce contrat a néanmoins été remis en cause courant 2015, sur fond de conflit avec l’entreprise française intermédiaire ODAS.
« Six mois après l’officialisation du contrat, l’Arabie saoudite déclenche l’offensive contre le Yémen. Des industriels de l’armement contactés par l’Observatoire des armements s’interrogent : le contrat Donas a-t-il été ficelé en prévision de cette guerre ? », se demande Orient XXI. « Dès 2015, nous avons engagé les tests de matériel prévus pour Donas. Or à notre surprise, il fallait adapter le matériel aux conditions qui ne correspondent pas à celles du Liban. Dès lors, nous avons compris. Nous travaillions sur du matériel ayant vocation à servir au Yémen », a confié, à Orient XXI, un industriel sous couvert d’anonymat.
Orient XXI laisse entendre par ailleurs que l’envoi, par la France à l’Arabie saoudite, d’armes utilisées au Yémen par la coalition -alors que plusieurs ONG (Amnesty International, HRW) ont dénoncé « les crimes de guerre » de cette coalition-, pose la question de la responsabilité de Paris dans la complicité de ces crimes