La corruption s’étend dans les pays arabes

Le Liban, plongé dans une crise politique, et le Yémen, déchiré par un conflit, sont pointés du doigt par l’ONG Transparency International.

 

Une étude de Transparency International menée dans neuf pays et territoires arabes pointe du doigt une corruption toujours croissante, avec des résultats particulièrement négatifs pour le Liban, plongé dans une crise politique, et le Yémen, déchiré par un conflit. Si le rapport de l’ONG anti-corruption publié mardi note que 61 % des ressortissants concernés (Yémen, Égypte, Soudan, Maroc, Liban, Algérie, territoires palestiniens, Tunisie et Jordanie) considèrent que la corruption a augmenté durant l’année écoulée, les données varient grandement d’un territoire à un autre.

Ainsi, ils sont 92 % au Liban, 84 % au Yémen et 75 % en Jordanie à penser que la corruption a augmenté, contre 28 % en Égypte et 26 % en Algérie. Parmi les personnes interrogées, 77 % des Yéménites et 50 % des Égyptiens ont reconnu avoir payé un pot-de-vin pour obtenir un service public contre 9 % des Tunisiens et 4 % des Jordaniens. Les opinions publiques ne jugent nulle part positivement leur gouvernement en matière de lutte contre la corruption, les populations qualifiant de mauvaise l’action des autorités par des majorités allant de 91 % (Yémen) à 58 % (Égypte).

Le Liban, en pleine crise politique

“Le manque de satisfaction vis-à-vis de dirigeants et régimes corrompus était un catalyseur clé du désir de changement dans la région, en particulier lors des manifestations du Printemps arabe. Cinq ans plus tard, l’étude montre que les gouvernements n’ont fait que peu pour mettre en oeuvre les lois contre la corruption”, relève Transparency International, organisation basée à Berlin. L’ONG s’inquiète en particulier des résultats du Liban, privé de président depuis deux ans et de législatives depuis 2009.

“Celui qui nous inquiète particulièrement, c’est le Liban (…) le public apparaît très, très critique des efforts du gouvernement pour lutter contre la corruption et la perception du niveau de corruption dans le secteur public est très élevée”, a indiqué à l’Agence France-Presse Coralie Pring, auteure du rapport. “C’est très inquiétant, les résultats sont similaires à ceux du Yémen qui a rapidement glissé dans une guerre civile”, relève-t-elle.

Une note d’espoir parmi les neuf pays et territoires concernés, la Tunisie, seul pays du Printemps arabe à ne pas avoir basculé dans le chaos ou la dictature. “La Tunisie a un vraiment bon résultat qui ressort de l’étude. Beaucoup de gens pensent pouvoir faire quelque chose contre la corruption” à leur niveau, dit-elle, 71 % des sondés estimant que “des gens ordinaires peuvent faire une différence”. Cependant, la majorité (62 %) “dit que l’action du gouvernement est mauvaise et une majorité (64 %) dit que la corruption continue d’augmenter”.