«La bataille de Jounié était féroce. Certaines forces politiques ont eu recours à tous les moyens possibles et imaginables pour «casser» Michel Aoun dans son fief maronite. Mais en vain. Il a gagné et la liste de la Dignité de Jounié a raflé la majorité des sièges libérant les gens du clientélisme qui sévissait. Interview de Juan Hobeiche, président de la municipalité de Jounié.
Etes-vous satisfaits des résultats des élections de Jounié, où votre liste a remporté 14 sièges des 18 du conseil municipal?
Certainement. Nous avons réussi à libérer les gens du clientélisme qui sévissait. Désormais, le citoyen est roi et nous le prouverons dans les semaines à venir. Avec notre équipe, pas de place aux moyens illégaux, comme cela était le cas. Ils n’auront plus besoin de qui que ce soit pour exécuter leurs formalités. Les gens nous ont accordé leur confiance et nous mettrons tout en œuvre pour être à la hauteur de leurs attentes et travailler à servir les intérêts de Jounié. Nous avons annoncé, dans notre campagne électorale, un programme que nous allons totalement appliquer dans la transparence et loin de toute corruption. Nous ferons de Jounié une ville pionnière moderne et avant-gardiste. Nous lui offrirons toutes les chances pour progresser et prospérer. Nous tendons la main à la liste adverse et lui assurons que nous sommes prêts à une coopération positive. En fin de compte, nous sommes tous les fils d’une même ville et avons les mêmes droits et les mêmes devoirs, indépendamment de nos convictions politiques.
La liste adverse a réussi quand même à percer avec 4 sièges malgré le poids du Courant patriotique libre (CPL) dans la région. Comment l’expliquez-vous?
Nous devons avouer que la bataille de Jounié a été très dure, voire féroce, à cause des ingérences politiques qui ont eu lieu. Certaines forces politiques se sont impliquées dans tous les détails de ces élections. Elles ont eu recours à tous les moyens possibles et imaginables pour «casser» Michel Aoun dans son fief maronite. Mais en vain. Il a gagné. L’argent a coulé à flots et certaines parties ont même eu recours aux menaces pour accaparer le vote des citoyens. On les a menacés dans leurs intérêts, dans ceux de leurs enfants, dans leur travail, dans leurs loisirs… les pressions étaient inimaginables, aussi bien morales que matérielles. Même la carte du chantage a été utilisée. Mais en fin de compte, les citoyens ont voté pour la liste de la Dignité de Jounié qui répondait le mieux à leurs attentes et les libérait du joug des responsables.
Est-il vrai que Sleiman Frangié s’est impliqué personnellement dans la bataille de Jounié et que l’argent des Chaghouri est entré en jeu pour acheter les voix des citoyens?
Je ne veux nommer personne, mais je peux vous assurer que les calculs politiques ont prévalu et que des moyens peu orthodoxes ont été utilisés pour régler des comptes sur le plan politique avec Michel Aoun.
Selon certains observateurs, Michel Aoun, qui a mené la bataille avec les Forces libanaises (FL) dans la plupart des régions, ne l’a pas fait à Jounié pour prouver son poids politique au niveau chrétien et, précisément, dans ce qu’il considère son fief. Est-ce vrai?
Pas du tout. Lorsque la date des élections a été précisée, le CPL et les FL ont mené des pourparlers pour étudier la manière de les aborder. Il s’est avéré que les deux partis avaient des alliances diversifiées avec les familles traditionnelles de Jounié et qui se divisaient sur les deux listes. Michel Aoun a donné son support complet à notre liste, demandant directement aux citoyens de voter pour nous, alors que les FL ont opté pour le vote libre, laissant leurs partisans soutenir les candidats de leurs choix.
Votre liste a déclaré que Jounié est la capitale des maronites, slogan qui a dérangé certains de vos alliés, mais aussi une majorité de l’opinion publique musulmane. Pourquoi avoir eu recours à ce slogan séparatiste?
Qu’on le veuille ou pas, Jounié a une symbolique particulière pour les chrétiens. C’est leur ville aussi bien sur le plan moral que sentimental. En revanche, cela n’affecte en rien leurs relations avec leurs compatriotes musulmans.