La Syrie pourrait se lancer dans l’extraction pétrolière en Méditerranée, dévoile le ministre syrien de l’Économie Samer al-Khalil dans une interview au quotidien Izvestia.
Le ministre syrien de l’Économie Samer al-Khalil a évoqué dans une interview au journal Izvestia l’intention de la Syrie de procéder à ‘extraction pétrolière en Méditerranée.
«Des recherches sont actuellement menées dans ce secteur, et la production industrielle pourrait être lancée une fois que les activités militaires auront pris fin», précise-t-il. Il évoque également la substitution aux importations des produits frappés par les sanctions, l’élargissement du cercle de partenaires commerciaux de la Syrie et le fait qu’au rythme actuel de la croissance économique, le rétablissement de l’économie au niveau d’avant-guerre pourrait prendre «environ 10 ans».
Izvestia: Au Liban voisin, la guerre civile a duré près de 15 ans, de 1975 à 1990, suite à quoi le rétablissement du PIB jusqu’au niveau de la dernière année de paix, 1974, a pris une vingtaine d’années. Combien de temps ce processus pourrait-il prendre en Syrie?
Samer al-Khalil: «Commençons par dire qu’il est encore trop tôt pour parler de délais exacts. Pour commencer, il faut mesurer tout le préjudice infligé par la guerre contre le terrorisme. Après le conflit, nous devrons estimer toutes les pertes et c’est seulement alors que nous pourrons avoir les idées claires pour évaluer le temps et les moyens qui seront nécessaires pour la reconstruction totale du pays. Selon les estimations les plus modestes, si les indicateurs de croissance économique ne bougeaient pas, le rétablissement de l’économie syrienne jusqu’au niveau d’avant-guerre pourrait prendre jusqu’à 10 ans — pas moins».
Izvestia: En 2015, le premier ministre syrien Wael al-Halki a déclaré que la Syrie était prête à adhérer à l’Union économique eurasiatique (UEE) ou à créer une zone de libre-échange avec celle-ci. A quelle étape se trouve ce processus aujourd’hui?
Samer al-Khalil: «A l’époque, quand nous avons déposé une requête pour adhérer à l’UEE, l’un des membres de l’Union s’y était opposé, craignant la concurrence avec les produits syriens. Pour adhérer à l’UEE, il faut d’abord conclure des accords douaniers, réguler la législation dans ce secteur et obtenir l’accord de tous les pays membres. L’ouverture d’une zone de libre-échange serait donc plus simple mais, ici aussi, devra faire l’unanimité. C’est pourquoi nous étudions la possibilité d’instaurer un régime de préférences commerciales avec certains pays au cas par cas — avec la Russie par exemple. L’économie syrienne se développe rapidement et nous soulèverons peut-être la question de l’adhésion à l’UEE prochainement».
Izvestia: La Syrie projette-t-elle de lancer l’exploitation d’hydrocarbures sur le plateau méditerranéen, comme le font ses voisins Israël et Chypre?
Samer al-Khalil: «A l’heure actuelle, je ne peux pas fournir d’informations exactes à ce sujet. Mais je peux noter que nous menons des recherches et étudions une telle possibilité. Il n’est pas exclu que nous lancions également l’extraction pétrolière sur le plateau après la guerre».
Izvestia: En 2011, les pays occidentaux et le Japon ont décrété des sanctions contre la Syrie. En Russie, de telles sanctions ont poussé cette dernière à développer des programmes de substitution aux importations pour diversifier les fournitures. Quelle est la situation de la substitution aux exportations étrangères en Syrie?
Samer al-Khalil: «En sept ans, depuis le début de la guerre et l’adoption des sanctions occidentales, nous avons diversifié nos fournitures de manière à recevoir tous les produits nécessaires en dépit des obstacles et des restrictions. Des États amicaux, notamment parmi les pays arabes, nous livrent les marchandises nécessaires. Malheureusement, nous ne pouvons pas encore parler d’une substitution totale des importations: comme je l’ai dit, notre économie vient à peine d’entamer son rétablissement. Mais nous y travaillons».